Dossier - Voyages de santé

Ordonnances de voyage

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Publié le 24/06/2019
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Monsieur Thibault T., 34 ans

 

Paracétamol 500 mg               deux boîtes

Nautamine                              deux boîtes

Lactibiane Voyage                 une boîte

Diosmectite                             deux boîtes

Lopéramide                             une boîte

Phloroglucinol                        deux boîtes

Cétirizine 10 mg                      une boîte

Dacryosérum                          une boîte de 20 unidoses

Phénergan pommade              un tube

Niflugel                                  un tube

Coalgan                                  une boîte

Soluté isotonique Gilbert       30 unidoses

Bétadine alcoolique                un flacon

 

Le contexte :

Le « kit pharmaceutique » de voyage minimal revêt une triple fonction : prévention, soins, urgences. Son contenu est adapté à la nature et à la durée du déplacement mais également au profil du voyageur (âge, antécédents médicaux, degré d’isolement pendant le voyage, etc.). Monsieur T., en parfaite santé, part à Cuba pour dix jours. Un choix un peu arbitraire a porté sur :

- Un traitement antalgique (paracétamol) ;

- La prévention de l’inconfort lié aux trajets routiers (diphénhydramine = Nautamine) ;

- Le traitement d’un éventuel épisode de diarrhée (« turista ») : diosmectite (argile), lopéramide (antidiarrhéique), phloroglucinol (antispastique ; les lyocs ont l’avantage de s’avaler sans eau), sans oublier une prévention par contrôle de la flore colique (par exemple Lactibiane Voyage = supplémentation en Lactobacillus) ;

- Le traitement préventif d’une éventuelle allergie par un anti-H1, la cétirizine ;

- Le traitement d’inconforts et d’irritations oculaires diverses (Dacryosérum) comme le nettoyage des sinus (soluté physiologique stérile) ;

- Le traitement des allergies, piqûres d’insectes banales et petites inflammations locales (Phénergan, Niflugel) ;

- Un antiseptique local (Bétadine alcoolique)

Votre conseil :

Le pharmacien attire l’attention du client sur le contenant de ces produits et articles : l’encombrement et le poids sont pris en compte dès qu’il s’agit d’un séjour itinérant. La boîte à médicament sera résistante, étanche, en plastique. Monsieur T. emportera les notices des médicaments (mais un accès à internet permet de retrouver les données utiles). Le pharmacien ajoute à cette trousse des cotons hémostatiques (Coalgan) et de petits pansements.

Il rappelle l’intérêt d’un thermomètre, d’une pince à écharde, de ciseaux à ongles, de produits antisolaires adaptés, d’un répulsif ou biocide contre les moustiques, d’épingles de sûreté, etc.

 

Simon G., 31 ans

Azithromycine 250 mg                                   1 boîte de 6 comprimés

 

Traitement ponctuel.

 

Le contexte :

Monsieur G. part à Bangkok pour un séjour professionnel d’une semaine. Le médecin a prescrit de l’azithromycine (Zithromax et génériques), un macrolide destiné à traiter une éventuelle turista susceptible de gêner les déplacements et rendez-vous. Cet antibiotique est privilégié chez l’adulte en Asie en raison des résistances des Shigella et des Campylobacter (ailleurs, on privilégie le recours à une fluoroquinolone). Dans cette situation, l’antibiotique s’utilise généralement, hors AMM, à la posologie de 500 mg/j pendant 3 jours (soit 6 cp.).

Votre conseil :

Aucune précaution n’est prise pour ce séjour urbain et court : il n’y a pas besoin de recourir à une prophylaxie antipaludique. Comme à chaque déplacement d’affaire dans une grande cité sud-américaine ou asiatique, Monsieur G. se munit d’une trousse lui évitant de se rendre dans une pharmacie en cas de problème mineur (paracétamol, désinfectants, diosmectite, lopéramide, protection solaire, petits pansements, etc.). La survenue d’un incident grave ne posant pas de problème dans une ville où les infrastructures médicales sont correctes, il n’y a pas lieu de surcharger la valise en médicaments !

Lucas M., 31 ans

Atovaquone/proguanil                                               1 cp/j

2 boîtes

Le contexte :

Monsieur M. part dix jours en Amazonie péruvienne. Le médecin a prescrit une chimioprophylaxie du paludisme à Plasmodium falciparum. L’association atovaquone + proguanil (Malarone) inhibe la synthèse des pyrimidines, et empêche la réplication de l’ADN du parasite. Ce médicament demeure efficace même dans les zones de chimiorésistance aux amino-4-quinoléines (chloroquine, amodiaquine, etc.).

Le prescripteur a oublié de préciser le dosage (en prophylaxie : 250 mg/j au cours d’un repas, dès que le poids dépasse 40 kg ; il existe un comprimé 62,5 mg + 25 mg destiné aux enfants) et de préciser que la prophylaxie est instaurée la veille ou le jour du départ, puis poursuivie encore une semaine au retour. La prise quotidienne du médicament a lieu à heure fixe, avec un repas ou une boisson lactée pour favoriser l’absorption de l’atovaquone. Les effets indésirables se résument à des troubles digestifs transitoires, à des céphalées et à de la toux. Il n’y a pas de contre-indication à ce traitement (sauf éventuelle insuffisance rénale sévère) et peu de risques d’interactions.

Votre conseil :

L’anophèle, vecteur du paludisme, pique au crépuscule et la nuit. À ce moment, la prophylaxie passe par le recours à un répulsif agréé (DEET, icaridine, IR3535, etc.) appliqué avec régularité sur la peau découverte, mais retiré (rinçage) avant le coucher.

Pendant la nuit, le recours à une moustiquaire imprégnée d’un biocide (perméthrine) s’impose. La rémanence du produit est comprise entre 1 et 2 mois si l’imprégnation est faite extemporanément avec un kit vendu en pharmacie ou en magasin spécialisé, mais elle se prolonge jusqu’à 6 à 8 mois pour un dispositif imprégné industriellement. Ce système est adapté à la protection des femmes enceintes et des enfants. Il est aussi recommandé d’imprégner (pulvérisation ou trempage) les vêtements et tissus par la perméthrine.

Les huiles essentielles (citral, eugénol, etc.) ne sont pas recommandées. Les serpentins fumigènes constituent un appoint pour l’extérieur. Les appareils à ultrasons, la vitamine B1, l’homéopathie, les rubans, papiers et autocollants gluants sans insecticide ne sont pas fiables.

Nicolas Tourneur

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3530