Ils sont lycéens ou professionnels précaires, ils ont entre 17 et 25 ans et ignorent les risques de leur pratique car les substances consommées sont des médicaments : telles sont les données publiées par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) sur l’usage détourné des médicaments codéinés.
Ils s’appellent Codésprite, Syzzurp, lean, ou encore cocktail bleu. Ces cocktails, pouvant être mortels, sont concoctés à partir de sirops à la codéine, voire de comprimés de Codoliprane ou de Prontalgine. Parfois, un antihistaminique, qui atténue les démangeaisons provoquées par la codéine, entre dans la composition de ces boissons appréciées des plus jeunes.
Après l'ANSM, qui cherche à restreindre l'accès aux médicaments codéinés, c'est au tour de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) de se pencher sur le phénomène des « purple drank » dans une note publiée hier et reposant sur les observations de ses huit sites « Tendances récentes et nouvelles drogues » (TREND)*.
Selon les signalements issus des pharmacies, le détournement des médicaments codéinés, initialement concentré sur les régions de la façade atlantique s’est, depuis, étendu aux grandes métropoles, Paris, Lyon, Marseille. Les ventes tendent à s’accroître en fin de semaine, et en quantité importante, auprès des jeunes âgés de 17 à 25 ans, parfois même dès 14-15 ans. Ces jeunes ignorent souvent les risques encourus puisque les substances consommées sont des produits de santé. « L’un va chercher un sirop pour la toux ; l’autre vient à la suite demander un antihistaminique prétextant une allergie », relate un pharmacien marseillais cité dans la note de l’OFDT.
Indifféremment répandue chez les garçons comme chez les filles, cette pratique, médiatisée par le hip-hop et le rap, est fréquente chez les lycéens ainsi que chez les jeunes professionnels précaires. Cependant, « ces profils ne correspondent pas à ceux des jeunes fréquentant les espaces festifs alternatifs et ne sont pas usagers de drogues illicites, hormis le cannabis », relève l’OFDT, soulignant toutefois une consommation d’alcool fréquente. Mais on observe aussi que le recours aux mélanges codéinés est une alternative choisie par les jeunes qui ne consomment pas d’alcool, y compris pour des raisons culturelles.
Autre tendance identifiée par l’enquête de l’OFDT, l’usage à visée hypnotique qui privilégie les médicaments codéinés seuls et qui se rapproche des expérimentations d’autres substances psychoactives comme les benzodiazépines.
Afin de « mettre un terme à des pratiques addictives dangereuses et potentiellement mortelles » liées à l'usage détourné des spécialités à base de codéine, le ministère de la Santé vient d'annoncer que ces médicaments ne pourront désormais être délivrés que sur ordonnance.
*Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Paris, Rennes et Toulouse.
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Françoise Amouroux
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