Alternatives aux antibiotiques

L’ANSES demande aux filières animales de définir leurs priorités

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Publié le 14/05/2018
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Face au très grand nombre de produits et substances présentés comme une alternative aux antibiotiques, l’ANSES demande aux filières animales de sélectionner les classes qu’ils veulent voir évaluer en priorité.

Dès le plan Ecoantibio 1 lancé en 2012, le ministère de l’Agriculture prévoyait de « développer les alternatives permettant d’éviter le recours aux antibiotiques » et d’évaluer leur bénéfice. C’est dans ce cadre que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a été saisie en 2013 par la direction générale de l’alimentation (DGAL) pour réaliser un état des lieux de ces alternatives aux antibiotiques et pour évaluer l’efficacité et l’innocuité « des substances n’ayant pas fait l’objet d’évaluation réglementaire, pour l’homme (consommateur et manipulateur), l’animal et l’environnement, après un examen de la bibliographie existante ».

Bien que les vaccins et autovaccins n’entrent pas dans le champ de cet état des lieux, l’ANSES souligne avoir recensé un très grand nombre de produits et substances, allant d’acides organiques et/ou gras aux huiles essentielles, en passant par les extraits de plante, les probiotiques, etc., en bref toutes les présentations commerciales revendiquant des capacités à limiter l’usage des antibiotiques chez les animaux. Dans le rapport et l’avis rendus en février, et publiés le 27 avril dernier, l’Agence ajoute que « l’hétérogénéité et la variabilité de la base bibliographique disponible constituent une limite pour évaluer l’innocuité et l’efficacité d’un grand nombre de ces alternatives ».

Statut juridique

Des travaux approfondis sont donc nécessaires, mais plutôt que de se lancer dans une longue investigation tous azimuts, l’ANSES se tourne vers les principales filières animales concernées pour qu’elles lui indiquent « les classes d’alternatives qui devraient faire en priorité l’objet de travaux approfondis pour lever les incertitudes sur leur efficacité et leur innocuité ». D’autant qu’elle a pu constater en consultant les données disponibles que les produits en question « semblent être caractérisés par un effet de plus faible ampleur que celle des antibiotiques », ce qui nécessite d’adapter les protocoles de mise en évidence des effets.

Pour le moment, l’ANSES constate que la plus grande partie des allégations présentées se focalise sur la sphère digestive, quelle que soit l’espèce animale considérée, et que les porcs sont les principaux destinataires des préparations commerciales (près de 50 %) devant les ruminants (moins de 20 %, 2/3 pour les bovins, 1/3 pour les caprins), les volailles, les lapins et les espèces d’élevage aquacole (poissons et crustacés).

Enfin, l’Agence souligne la pluralité des statuts réglementaires des produits étudiés et recommande de déterminer un statut juridique au niveau européen. Elle propose d’étudier la pertinence de créer un statut spécifique pour les produits permettant de réduire l’usage des antibiotiques, sans qu’ils soient considérés comme des médicaments vétérinaires.

M. M.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3435