- Une petite bise et hop, je retourne à Paris, dit Karine tout en saisissant un dossier dans le bureau.
- Ça a l’air chaud en ce moment à l’Assemblée, répond Julien, heureux de voir sa collègue.
- Oh que oui ! Mais j’ai bon espoir que ce PLFSS soit approuvé même s’il n’a plus rien à voir avec ce que le gouvernement avait proposé.
- Entre nous, je trouve que c’est une bonne chose que ce soit aux députés de décider de la remise applicable aux génériques. Sinon, nous restions à la merci des ministres et de leurs caprices… mais ce n’est que mon avis de petit pharmacien de terrain.
- Il y a du pour et du contre. Ce qui est sûr, c’est que des choses intéressantes se profilent pour le pharmacien d’officine. Mais ne nous avançons pas trop. Tout ce que je demande de la part des autres députés, c’est un peu de respect, mais certains manquent cruellement de savoir-vivre…
La pharmacienne regarde par la petite lucarne qui ouvre sur l’espace de dispensation.
- Je vois que le petit étudiant a commencé. Ça se passe bien ?
- C’est une bonne recrue, il est très consciencieux. Il a une façon de s’adresser aux patients très… comment dire, particulière.
- Ah ?
- Mais c’est très bien. Pour le coup, Louis est très respectueux de tout, même des boîtes de médicaments. C’est amusant de le regarder faire. Quand il les pose sur le comptoir, c’est toujours de façon délicate, comme si c’était des choses vivantes, explique Julien en mimant la scène.
- Je vois très bien. J’avais un boucher qui était comme ça. J’adorais être servie par lui.
- Il y a du monde, j’y retourne. À bientôt, Karine…
Au comptoir, Marion tend le sac de médicaments à son patient et le salue. À côté d’elle, Louis attend tranquillement que la pharmacienne contrôle sa délivrance.
- Parfait. Il faut être vigilant avec ce médicament antihypertenseur. Il y a plusieurs dosages, à 10/10, 10/5 ou 5/10. Si on n’est pas attentif, on peut rapidement faire une erreur.
Tournée vers Louis, l’adjointe ne voit pas la femme qui s’est approchée du comptoir.
- Je crois que la dame ne se sent pas bien, l’interrompt le jeune homme en pointant du doigt la patiente appuyée contre le meuble. Elle a beau tenter de relever sa tête, celle-ci retombe lourdement.
Marion s’approche et, aidée, de Louis, elle la soutient avant qu’elle ne tombe.
- Je suis désolée, il faut que je m’allonge. S’il vous plaît, allongez-moi.
Emmanuel vient aider ses collègues. À eux trois, ils arrivent péniblement à emmener la femme dans la salle Pasteur et l’installent sur la table d’examen.
- Elle a bu ?, murmure le préparateur.
- Nous allons appeler le SAMU, Madame, ajoute Marion.
- Non, non, pas la peine. C’est juste que je me suis trompée de comprimé. J’ai pris ma zopiclone au lieu de mon médicament contre la migraine.
- Comment ça ?
- Je mets toujours ces deux comprimés dans mon porte-monnaie, au cas où j’en aurais besoin. Mais ils se ressemblent tellement. Je peux rester un peu ici ?
Cinq minutes après, Marion et ses collègues quittent la salle Pasteur sur la pointe des pieds, laissant la femme dormir comme un bébé.
- Elle va faire un petit roupillon et ça ira mieux. Voici un superbe exemple d’erreur médicamenteuse, plaisante la pharmacienne en s’adressant à l’étudiant.
(À suivre…)
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