Un arrêté publié au « Journal officiel » du 22 février officialise l’abrogation de plusieurs mesures exceptionnelles prises pendant la crise du Covid-19. À partir du 1er mars, les tests de détection du Covid réalisés par les pharmaciens ne seront notamment plus remboursés pour les patients sans ordonnance. Pour les syndicats, l’objectif est désormais de faire entrer la prise en charge de ces tests dans le droit commun.
À compter du 1er mars, plusieurs mesures de gestion de la crise sanitaire, prises dans le cadre de l’état d’urgence, seront abrogées. Une évolution qui n’a rien de surprenant : le 14 janvier, le ministère de la Santé avait déjà transmis aux syndicats un projet d’arrêté visant à mettre fin à plusieurs mesures prises pendant la crise du Covid-19. Les représentants de la profession avaient alors rappelé au ministère qu’il pouvait être pertinent de maintenir la prise en charge de ces tests jusqu’à la fin de l’épidémie de grippe saisonnière. Le ministère de la Santé les aura donc en partie écoutés sur ce point, mais sans tarder à mettre son plan à exécution.
Changement le plus important pour les pharmaciens, les tests antigéniques pour le Covid-19 ne seront donc plus remboursés pour les patients qui pouvaient encore bénéficier d’une prise en charge sans prescription (assurés âgés de 65 ans ou plus, mineurs, professionnels de santé et personnel d’établissements de santé…) et ce, dès la fin de la semaine en cours. « Nous nous y attendions. Cette date n’a pas été choisie au hasard car cela coïncide avec la fin de la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière », soit le 28 février, explique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Les pharmaciens pourront bien évidemment continuer à les faire, avec un tarif qui devra respecter le principe de tact et mesure », ajoute-t-il. « Cela va engendrer une perte de marge de 70 millions d’euros pour le réseau officinal », souligne le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Pierre-Olivier Variot, ce qui ne va pas aider les pharmacies déjà confrontées à d’importantes difficultés économiques. « En matière de santé publique et de bon usage, cela ne va pas non plus dans le bon sens », analyse-t-il. « Nous avons beaucoup de cas de grippe en ce moment, le virus est encore très présent. Le coût de ces tests est élevé pour les patients. Si l’on ne teste plus, on ne peut plus qualifier l’infection avec notamment pour conséquence une augmentation des prescriptions d’antibiotiques », regrette Pierre-Olivier Variot.
Alors que l’état d’urgence mondiale décidée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) concernant le Covid-19 a été levé il y a maintenant deux ans, la fin de ces mesures prises dans le cadre d’un régime d’exception n’est cependant qu’une évolution logique. L’objectif des syndicats est aujourd’hui clair : convaincre les autorités de faire entrer la prise en charge de ces tests dans le droit commun, pour qu’elle devienne pérenne. « C’est notre combat désormais », confirme Philippe Besset. La FSPF a récemment publié un sondage, dont les résultats visaient à démontrer que ces tests permettaient un suivi global des épidémies et favorisaient le bon usage. « Ils permettent une réduction des dépenses de santé par une prise en charge précoce de pathologies potentiellement graves », expliquait notamment le président du syndicat. À noter que l’abrogation de ces mesures met aussi fin à la dispensation gratuite de tests antigéniques et autotests Covid par le pharmacien à d’autres professionnels de santé, aux salariés des services à domicile, ou encore au personnel de l’Éducation nationale.
L’arrêté publié le week-end dernier entérine également la suppression d’autres mesures prises pendant la crise du Covid, mais pas la fin de la prise en charge des masques FFP2 et chirurgicaux délivrés par le pharmacien aux patients vulnérables ou aux personnes identifiées comme cas contact. Ces derniers pourront toujours en bénéficier gratuitement à condition de présenter un justificatif. Autre évolution importante qui prendra effet le 1er mars, la prestation d'injection du vaccin contre le Covid-19 réalisée en officine sera rémunérée à hauteur de 7,50 euros, comme prévu par la dernière convention pharmaceutique.
Note : L'article II de l'article 15 prévoyant une rémunération de 70 euros pour approvisionner en vaccins les établissements de santé n'est pas abrogé.
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