Les baisses de température et l'humidité ambiante nous rendent plus vulnérables aux infections virales et bactériennes. Si les affections hivernales s'avèrent souvent banales et sans conséquence pour les personnes en bonne santé, elles peuvent engendrer de graves conséquences pour les personnes atteintes d'une maladie chronique. De fait, le froid, favorise notamment les pathologies cardiovasculaires et respiratoires pouvant mener à des hospitalisations, voire au décès. Certains effets sont immédiats (hypothermies, asthme lié au froid...), d'autres peuvent être tardifs (infections respiratoires, accidents vasculaires cérébraux, dépression...).
Éviter l'aggravation des pathologies chroniques
« Les patients présentant une maladie chronique risquent une décompensation de leur pathologie en période de grand froid. Chez les diabétiques par exemple, une infection hivernale (grippe, pneumopathie, Covid-19...) risque de déséquilibrer la glycémie. Cela n'est pas sans conséquence sur les traitements : il est parfois nécessaire d'augmenter les doses d'insuline à la suite d'un épisode infectieux », indique le Dr Jean-Michel Lecerf, directeur médical du Centre Prévention Santé Longévité, chef du service nutrition & activité physique, à l'Institut Pasteur de Lille. Mêmes conséquences pour les patients chroniques, sous corticothérapie : à la suite d'une infection hivernale, le prescripteur peut être amené à augmenter les doses de cortisone, de façon transitoire. Les insuffisants respiratoires et cardiaques doivent également être surveillés de près en hiver. « Une pneumopathie chez un patient coronarien, par exemple, peut aggraver l'état de santé et engendrer un risque vital », souligne le Dr Lecerf. En outre, les personnes souffrant d'une maladie psychiatrique (les personnes dépressives, notamment) peuvent voir leur pathologie s'intensifier lors de la saison froide. Ce qui peut nécessiter une adaptation de leur traitement.
Les conséquences d'un alitement prolongé
Les personnes fragilisées par une maladie chronique peuvent également être plus rapidement et longuement alitées si elles contractent un syndrome viral en hiver. C'est par exemple le cas des patients atteints de cancer ou d'obésité sévère. Leur système immunitaire étant déficitaire, ils risquent – plus que la population générale – d'arrêter toute activité physique. « Or le fait de rester chez soi, assis ou allongé de façon prolongée favorise le déconditionnement physique, les troubles urinaires, la fonte musculaire... Ce point doit, d'ailleurs, être considéré avec attention, notamment chez les personnes âgées car il peut engendrer des réactions en cascade : isolement social, dénutrition, risque de chutes pouvant mener à l'hospitalisation », rappelle le Dr Lecerf.
Covid-19 : des risques particuliers
Parmi les affections de la saison froide, le SARS-CoV-2 responsable du Covid-19 est particulièrement redoutable chez les patients chroniques. « Nous savons, par exemple, que près de la moitié des personnes hospitalisées en réanimation, en 2020, après avoir été infectées par le Covid-19, avaient une obésité. Par ailleurs, plus l'indice de masse corporelle était important, plus l'infection engendrait des conséquences graves pour la santé. L'inflammation de l'organisme et l'altération de l'immunité et des fonctions pulmonaires des patients obèses expliquent notamment ce fait », affirme le Dr Muriel Coupaye, endocrinologue-diabétologue à la Pitié-Salpêtrière. De façon plus globale, les patients chroniques ayant un système immunitaire déficitaire sont plus à risque de développer une forme sévère de Covid-19.
Vacciner les patients fragiles
Dans ces conditions, pour protéger les patients chroniques des pathologies liées à la saison froide, la première précaution reste la vaccination. « La vaccination contre la grippe devrait être systématique pour toutes les personnes dont l'état de santé est fragile : la grippe met le système cardiovasculaire à rude épreuve. Le vaccin contre la grippe peut diminuer le risque de survenue d'un accident vasculaire cérébral », souligne le Pr Pierre Amarenco, chef du service de neurologie (hôpital Bichat, Paris). En outre, la vaccination contre le Covid-19 et le pneumocoque, notamment chez les personnes fragiles d'un point de vue cardiovasculaire et respiratoire est, également, fortement recommandée. La prise de probiotiques peut aussi réduire le risque d’infections respiratoires hivernales.
Adapter l'alimentation à la saison froide
Côté nutrition, il est important de manger varié et équilibré (c'est-à-dire, sans bannir une catégorie de nutriments) et d'exercer une activité physique adaptée à l'état de santé de chacun. Par ailleurs, en hiver, les plats sont souvent plus riches et caloriques que les autres saisons. « De façon générale, il faut éviter de manger des aliments trop gras et trop sucrés. Par ailleurs, les personnes âgées et multimorbides ont souvent tendance à saler les plats, de façon excessive, pour rehausser leur goût. Or cette habitude favorise l'apparition de l'hypertension artérielle », rappelle le Pr Amarenco.
En hiver, certains minéraux et vitamines doivent être privilégiés. Il s'agit notamment de ceux qui renforcent les défenses immunitaires. « Les cellules de l'immunité ont besoin d'un puissant antioxydant : la vitamine C (100 mg par jour), pouvant être apportée par les fruits et notamment, les agrumes et les choux. La vitamine B9 est également intéressante pour renforcer nos défenses : on la trouve dans les légumes à feuilles épinards, choux, salades, mâche... Attention, toutefois, ces vitamines sont thermosensibles : les aliments qui les contiennent doivent être consommés crus ou cuits al dente », note le Pr Lecerf. Pour renforcer l'immunité, l'apport en vitamine D et en oméga 3, via la consommation régulière de poissons gras (au moins deux fois par semaine) est également nécessaire. « Enfin, il ne faut pas non plus négliger les protéines animales (viandes, poissons, œufs). Les personnes âgées à risque de sarcopénie, doivent consommer une portion de protéine animale par jour pour éviter le risque de chute (neige, verglas) favorisé par la fonte musculaire. Mais aussi, deux ou trois produits laitiers par jour ( dont un yaourt) pour réduire le risque de fracture », conclut le Dr Lecerf.
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