En 2025, 42 % de la population adulte, soit 23 millions de Français, souffre de douleurs chroniques (musculosquelettiques, céphaliques, abdominales…), un chiffre en nette augmentation au cours des dernières années. Seulement un tiers des patients se dit satisfait de la prise en charge dont il bénéficie.
Selon le Baromètre de la douleur 2025, qui agrège les principaux résultats de l’enquête PREVADOL, menée au 1er trimestre de l’année auprès de 11 940 Français avec l’Observatoire français de la douleur et des antalgiques (OFDA) et OpinionWay, la prévalence de la douleur chronique en France est en augmentation. Les chiffres, dévoilés le 20 octobre à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la douleur, sont impressionnants. Ainsi, 23 millions de Français adultes, soit 42 % de la population de cette classe d’âge, disent souffrir de douleurs chroniques. La dernière grande étude menée sur la prévalence de la douleur en France, (l’étude STOPNET en 2008), avait alors montré qu’un tiers des Français vivaient avec des douleurs chroniques. Ce qui représente près de 10 % de moins qu’aujourd’hui.
Les douleurs musculosquelettiques (mal de dos, arthrose, douleurs inflammatoires…) et les troubles céphaliques (migraine, maux de tête) sont les plus fréquents, avec respectivement 36 % et 33 % des cas, loin devant les douleurs abdominales, neuropathiques ou celles liées à un cancer. Dans plus d’un cas sur deux, les patients indiquent souffrir de douleurs « intenses » qui, dans 50 à 80 % du temps, « ont des répercussions physiques, émotionnelles ou sociales », avec notamment des problèmes de sommeil, de fatigue, voire d’anxiété et de dépression. Globalement, la moitié des patients touchés par ce problème fait état d’une qualité de vie mentale et physique altérée.
Autre enseignement majeur de ce baromètre, les lacunes observées au niveau de la prise en charge de ces douleurs chroniques. Seulement un tiers des patients se déclare « satisfait » de la prise en charge qui lui a été proposée. Moins d’un patient sur trois a constaté une amélioration de ses symptômes au cours des six derniers mois. En ville, la prise en charge est souvent assurée « exclusivement par le médecin traitant », souligne l’étude. Le paracétamol arrive très nettement en tête des médicaments les plus souvent prescrits dans les cas de douleurs chroniques (70 % des cas), devant les anti-inflammatoires (51 %) et les opioïdes (27 %).
Pour l’institut Analgesia, fondation de recherche dédiée à l’innovation contre la douleur en France, ces chiffres, notamment ceux relatifs à la qualité de la prise en charge, doivent alerter. « Il n’y a qu'un tiers des patients souffrant de douleur chronique qui sont satisfaits de leur prise en charge, ce qui laisse des millions de Français dans un grand désarroi », explique à « Franceinfo » le Pr Nicolas Authier, psychiatre au CHU de Clermont-Ferrand et président de la fondation Analgesia. Il regrette notamment que la prise en charge de la douleur ne repose pas assez souvent, voire jamais, sur une approche pluriprofessionnelle. Les centres spécialisés, souvent débordés, sont difficiles d’accès, ce qui conduit de nombreux patients à se soigner par eux-mêmes. Preuve en est, 87 % des personnes souffrant de douleurs chroniques ont recours à l’automédication selon le Baromètre, et 16 % d’entre eux ont décidé de consommer un opioïde sans l’aval d’un professionnel de santé. Parmi les solutions à mettre en œuvre pour faire face à cette « crise silencieuse de la douleur en France » comme elle la décrit, la fondation Analgesia plaide pour une meilleure formation des médecins généralistes et demande des moyens renforcés pour la recherche afin de découvrir de nouvelles molécules pour traiter ces symptômes.
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