Sur les réseaux sociaux, des pharmaciens ont découvert que la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) du Val d’Oise comptait sensibiliser les assurés sur l’existence de « Mon espace santé », notamment pour les aider à activer leur espace personnel. Rien de bien étonnant si ce n’est le lieu dans lequel devait être organisée cette action de communication : une parapharmacie Leclerc !
Dans le Val d’Oise, le nombre d’assurés ayant activé leur compte sur « Mon espace santé » est semble-t-il insuffisant. Partant de ce constat, la CPAM du département a voulu organiser une action pour informer les patients sur l’existence de ce carnet de santé numérique « qui garantit un passage à la santé digitale dans le respect du secret médical », selon ses mots. Le samedi 2 août, entre 10 heures et 16 heures, les assurés étaient donc invités à venir rencontrer les équipes de la CPAM pour se voir présenter ce dispositif et activer leur compte. La CPAM aurait pu choisir d’organiser cette opération dans une pharmacie, une maison médicale, aux abords d’un établissement hospitalier… mais elle a finalement choisi de le faire dans la parapharmacie Leclerc du centre commercial MODO, à Moisselles. « La CPAM nous a contactés début juillet pour nous proposer cette idée. Ils cherchaient un endroit pour le faire dans le département », explique la responsable de la parapharmacie, contactée par « Le Quotidien du pharmacien ».

Sur les réseaux sociaux, la CPAM a fait la pub de cette action. Elle n’a pas tardé à être repérée par des pharmaciens, jusqu’à arriver devant les yeux de Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « J’ai alerté le directeur général de l’assurance-maladie, qui n’était pas au courant, explique-t-il. Je ne veux pas que cette opération soit organisée », annonce-t-il. Le président de la FSPF s’indigne contre ce mélange des genres, alors que Leclerc tente depuis des années, et encore plus ces derniers mois, de remettre en cause le monopole pharmaceutique, à grand renfort de publicité et opérations de communications. Déjà remonté à cause de la concertation autour des remises génériques et de la volonté du gouvernement de doubler les franchises médicales, Philippe Besset voit, dans cette initiative de la CPAM du Val d’Oise, une nouvelle tentative de « marchandisation » de la santé. « Soit ils annulent, soit j’organise une manifestation devant cette parapharmacie le samedi 2 août », prévient-il.
Philippe Besset n’aura finalement pas à aller jusque-là. Présidente de la FSPF du Val d’Oise, Nathalie Arnoux avait elle aussi repéré cette initiative peu orthodoxe de la CPAM. « Lorsque j’ai vu ça, j’ai pris contact avec le directeur de la CPAM pour lui dire que c’était une très mauvaise idée, encore plus au vu du contexte actuel avec les pharmaciens, explique-t-elle. En fait, le pôle assurés de la CPAM, qui a essayé de monter cette opération, a d’abord tenté de contacter des pharmaciens installés dans des zones commerciales, mais aucun n’a répondu favorablement, là encore à cause du climat actuel. Certains officinaux ont dit qu’ils seraient prêts à participer mais plus tard, quand les tensions seraient apaisées. Le pôle assurés de la CPAM a donc eu la malheureuse initiative de contacter une parapharmacie, qui plus est du groupe E.Leclerc », relate Nathalie Arnoux. La présidente de la FSPF du Val d’Oise a finalement eu gain de cause, l’opération de communication de la CPAM a été officiellement annulée ce 29 juillet. « Le secrétariat de la direction de la CPAM doit m'envoyer un mail pour s'excuser », précise Nathalie Arnoux.
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