Dans une tribune publiée par le journal « L’Express », des professionnels de santé critiquent violemment un contrat signé par l’Éducation nationale avec la MGEN et CNP assurance. Un accord qui prévoit la prise en charge, pour les fonctionnaires de l’Éducation nationale, de pratiques de soins non conventionnelles dont l’efficacité n’a été prouvée par aucune étude scientifique.
Homéopathie, ostéopathie, acupuncture, sophrologie, naturopathie… autant de pratiques qui n’ont « pas fait l’objet d’études scientifiques ou cliniques montrant leurs modalités d’action, leurs effets, leur efficacité, ainsi que leur non-dangerosité ». Un constat qu’ont tenu à rappeler plusieurs professionnels de santé, signataires d’une tribune publiée ce 5 mai dans les colonnes de « L’Express ». Parmi eux, Agnès Buzyn (ancienne ministre de la Santé), Mathieu Molimard (professeur de pharmacologie au CHU de Bordeaux) ou encore le Dr Pierre de Bremond d'Ars (médecin généraliste et président du Collectif No Fakemed). Ils dénoncent précisément un contrat récemment passé entre l’Éducation nationale, la MGEN et CNP assurance. Un accord qui doit s’appliquer dès 2026 et va conduire les agents de l'Éducation nationale à cotiser à une complémentaire qui prendra en charge certaines de ces médecines alternatives.
« Ce contrat, conformément à l’arrêté ministériel qui met en application la loi et fixe les garanties, nous alerte, car il prévoit la prise en charge de pratiques de soins non conventionnelles (homéopathie, ostéopathie, acupuncture, naturopathie, chiropraxie, sophrologie…) » : un accord qui envoie un très mauvais message, selon ces professionnels. « Cette prise en charge renforcerait auprès du grand public le sentiment que ce sont des soins efficaces, alors qu'ils relèvent du choix individuel et non de la solidarité nationale. Cela dans un contexte où des thérapies éprouvées sont, elles, rarement prises en charge par les mutuelles : psychologie, sport sur ordonnance, diététique, entre autres », critiquent-ils.
Les signataires rappellent au passage que le Sénat, dans un rapport publié en septembre, avait justement proposé « de revenir sur la prise en charge des pratiques de soins non conventionnelles » pour limiter la forte augmentation des tarifs des complémentaires santé. Le rapport sénatorial mettait notamment en avant le fait que « le coût de ces pratiques (de soins non conventionnels) a été multiplié par cinq ces huit dernières années, pour atteindre presque 1 milliard d’euros en 2023 ». Le contrat signé par l’Éducation nationale s’inscrit donc dans une logique totalement opposée : « Au-delà d’être inutiles, ces pratiques non éprouvées induisent les patients en erreur sur ce qu'est une véritable prise en charge efficace, alors qu'elles ne sont qu’un argument commercial n’apportant rien à la santé de toutes et de tous, aux dépens de soins véritablement bénéfiques, soutiennent les auteurs de la tribune. Elles exposent de plus à des risques de dérives thérapeutiques, voire à un abandon des soins dans des cas où ils seraient nécessaires. » Pas anodin lorsque l’on sait que la santé est aujourd’hui le secteur le plus touché par les dérives sectaires, selon le dernier rapport de la Miviludes.
En résumé, ces professionnels de santé estiment que « les mutuelles ne peuvent légitimer des pratiques de bien-être au détriment du remboursement optimal des soins éprouvés. (…) La prise en charge d’un panier de soins optionnel relevant du bien-être est possible, mais doit relever d’un choix personnel, et donc d’une option, non d’une obligation », concluent-ils.
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