Les groupements ont joué un rôle clé pour transformer l’inquiétude des pharmaciens en action collective. Aux côtés de l’intersyndicale, ils ont su mobiliser leurs adhérents dans toute la France, y compris les non-syndiqués.
L’été a été court pour tout le monde, y compris les groupements. Les deux grandes représentations des groupements, la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacie (Federgy) et l’Union des groupements de pharmaciens d’officines (UDGPO), n’ont pas ménagé leurs efforts aux côtés de l’intersyndicale formée par la FSPF et l’USPO. « Une fois le décret du 4 août sorti, notre rôle a été de susciter une mobilisation nos adhérents », explique Alain Grollaud, président de Federgy qui a passé l’été branché à son portable. Il a fallu faire preuve de pédagogie et de conviction, pour amener des pharmaciens qui adhèrent aux groupements parce qu’ils y trouvent un soutien et des outils, mais qui ne sont pas syndiqués ou attentifs aux revendications syndicales, à comprendre la gravité de la situation. « Le 16 août a été un test positif car les officines étaient appelées à fermer et la grève a été très suivie, y compris par les non-syndiqués », souligne Jean-Claude Pothier, secrétaire de Federgy.
La réussite de la journée du 18 septembre s’inscrit dans cette dynamique. « Federgy, c’est 11 000 à 12 000 pharmaciens, c’est une force complémentaire des syndicats, car les groupements sont des réseaux organisés, capables de fédérer très rapidement, souligne Alain Grollaud. Nous avons essayé de tous parler d’une même voix pour obtenir que cet arrêté soit cassé. Nous n’avons pas réussi avant le 18 septembre, mais nous nous battrons par tous les moyens possibles pour y arriver. » En faisant pression sur le gouvernement, sur les élus, par le conseil d’État…
Les génériqueurs dans l’attente
Les groupements sont, en effet, aux premières loges des négociations avec les génériqueurs. Ils ont très vite reçu des courriers leur annonçant que les laboratoires, comme ils y sont tenus, allaient se mettre en conformité avec le décret, à partir du 1er septembre, imposant un plafond de remise des génériques de 30 %. « Les génériqueurs sont dans le flou complet », explique Jean-Claude Pothier, également président du groupement DPGS. Entre la mobilisation pour obtenir la suppression de l’arrêt, la baisse des prix des génériques décidées par le Comité économique des produits de santé (CEPS) pour renflouer l’assurance maladie, le gouvernement de Lecornu qui reprend le dossier… « Il peut se passer plein de choses d’ici à la période de renégociation de fin d’année. Pour l’instant, ils essayent de maintenir plus ou moins ce à quoi ils s'étaient engagés en début d'année contractuellement. Mais après… »
Pour Laurent Filoche, président de l’UGPO, même si l’arrêté est retiré ou suspendu, « les baisses de prix décidées par le CEPS vont impacter directement le réseau officinal, mais aussi la capacité pour nos partenaires génériqueurs à financer notre réseau. C'est la double peine. » Le risque : que les génériques ne soient plus fabriqués ou distribués sur le marché français. François Douère, directeur général du groupement Évolupharm, qui détient une gamme propre de génériques, alerte sur les conséquences de long terme : « Les fabricants de génériques demanderont des prix encore plus bas à leurs façonniers. Comme nous passons déjà après les pays qui les rémunèrent mieux, je crains que nous n’arrivions plus à nous fournir et que nous nous retrouvions face à des ruptures encore plus graves qu’aujourd’hui. »
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