Les pharmaciens sont à un « carrefour », mot qui est revenu plusieurs fois au cours de cette 37e Journée de l’Ordre. Tous les métiers sans exception sont en mutation, avec de nombreux défis à relever, comme la préservation du maillage et du circuit du médicament, l’accès aux soins, les dangers de la financiarisation, l’attractivité…
Interpellée sur plusieurs de ces sujets (lire page 9), la ministre de la Santé, retenue au Sénat pour débattre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, avait préparé une réponse sur vidéo enregistrée. Alors que le feuilleton des baisses de plafond sur les remises génériques n’est pas terminé, Stéphanie Rist a préféré partager les ambitions du gouvernement pour améliorer l’accès aux soins. Entre enthousiasme à vouloir généraliser l’expérimentation OSyS (Orientation dans le système de soins) et étendre l’expérimentation des antennes de pharmacie, elle a surtout fait la promotion des structures France Santé, bébé du Premier ministre.
Jongler avec les pénuries
Le sujet des pénuries de médicaments s’est très vite imposé dans les discussions, puisque depuis 2025 l’Ordre est chargé de mettre en place un système d’information basé sur le DP-Ruptures, permettant à tous les acteurs de la chaîne de médicament de renseigner leurs données. « Cet outil va pouvoir répondre à cette question par plus de transparence, et permettre de fournir les données dont les pouvoirs publics ont besoin pour prendre des décisions de police sanitaires, de répartition, etc., et assurer une répartition homogène sur les territoires », explique Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre. Mais la profession attend encore un décret d’application.
Parlons argent
À l’avenir, il faudra aussi compter avec l’IA. « Je la considère comme une opportunité, à condition d’y mettre les garde-fous », considère la présidente. L’Ordre, avec le Dossier pharmaceutique (DP), détient d’ailleurs une importante base de données de santé. Mais quel impact aura l’IA sur les métiers ? « L’IA fera un pharmacien augmenté plutôt qu’un pharmacien remplacé », estime Carine Wolf-Thal. « Dans une pharmacie, il y a ce côté humain qu’on ne retrouve pas avec l’IA », complète Bruno Galan, président de la section A, qui y voit l’avantage pourtant d’une sécurité accrue dans la dispensation. Le représentant des titulaires brise aussi un tabou : « Le pharmacien met toutes ses connaissances au service du patient. On a plus de 19 000 officines, c’est plus de 19 000 points d’accès aux soins. Mais c’est consommateur de temps, il y a de la formation, il faut organiser les locaux… Il va falloir à un moment parler d’argent. Il faut que l’expertise du pharmacien soit rémunérée à sa hauteur. »
Enfin il faudra conserver la confiance que les patients ont dans leurs pharmaciens. Et en profiter, surtout après les vagues de désinformations sur la santé, car selon le Pr Matthieu Molimard, pharmacologue et chef de service au CHU de Bordeaux, invité d’honneur, « le pharmacien a un rôle de vigie dans la lutte contre la désinformation en santé ».
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