Il était une fois Vincent Bourdet un titulaire qui n’exerce pas seulement dans son officine à Brains, un bourg rural de Loire-Atlantique. Deux ou trois fois par an, ce pharmacien marche en forêt entouré d’une horde d’étudiants équipés de cagettes. Et pour cause, le trentenaire est aussi vacataire à la faculté de pharmacie de Nantes, avec une feuille de route hors des sentiers battus : enseigner sur le terrain comment reconnaître les champignons. Une fois dans les bois, chacun ramasse tout ce qu’il trouve. À la fin de la cueillette, vient le temps du débrief pour expliquer les familles. « Au bout de deux heures, on pose tout sur une table et par petits groupes, on présente les caractéristiques de chaque champignon. On est dans le dialogue, c’est cool. Ce qui compte c’est le côté pratique, complémentaire des cours des universitaires, théoriques, » détaille-t-il. « Mon approche est plutôt celle des cas de comptoirs. D’ailleurs, en y réfléchissant, au-delà des préparations, la mycologie fut le premier service des officinaux. » On est loin des nouvelles missions.
Nous ne pouvons pas nous planter
Étudiant, lui-même, il avait été particulièrement interpellé par les cours du mycologue Yves-François Pouchus, auteur de différents ouvrages dont le « Guide de poche de mycologie officinale », puis par ses maîtres de stages amateurs de champignons. Aujourd’hui, il sait qu’il peut faire appel à eux en cas de doute, tout comme au président de l’association mycologique de l’ouest qui, heureux hasard, est domicilié à Brains. « Yves-François Pouchus nous accompagne aux sorties, c’est un puits de science », glisse-t-il.
Pour Vincent Bourdet, les cours en forêt sont l’occasion à la fois d’entretenir son savoir, de le partager et de l’enrichir. À l’officine, il va plus loin. Car au quotidien, Vincent Bourdet exerce en pleine campagne. Ses patients viennent volontiers lui montrer leur cueillette. « On prend le temps d’identifier ceux qu’on nous apporte. Mais si on nous montre un panier rempli à l’heure où l’officine est pleine de monde, on se réserve le droit de le faire dans la journée », dit-il expliquant comment ne pas se laisser déborder. Et en cas de doute ? « En officine, nous engageons notre responsabilité, nous ne pouvons pas nous planter », insiste le titulaire, qui a désormais un bon carnet d’adresses en mycologie.
De la même manière qu’il a pris l’habitude de donner des astuces à ses patients en délivrant une ordonnance, il décrit les champignons trouvés en donnant des conseils. Tel est comestible mais sans intérêt gustatif, ou vraiment indigeste… « On voit de tout : certains pensent que tous les exemplaires avec de la mousse sont des bolets, d’autres croient avoir trouvé une coulemelle dans leur compost or elle peut être confondue avec une autre et surtout elle sera gorgée de nitrites et de potassium qui la rendent impropre à la consommation », indique-t-il. D’où sa check-list au comptoir : « On est là pour éduquer : dire si les champignons sont comestibles ou pas, toxiques ou mortels, mais aussi pour indiquer les bonnes pratiques. On doit cueillir un champignon entier, avec le pied, ne pas le placer dans un sac plastique, séparer dans des paniers distincts les bons des mauvais, savoir où ils ont été trouvés… » Aujourd’hui, la Pharmacie de Brains s’est fait une réputation sur le sujet. Sans publicité. Comme pour un vrai coin à champignons.
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