La semaine dernière, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a refusé de signer le rapport sur la financiarisation et les leviers pour préserver l’indépendance des pharmacies. Un travail sur lequel l’ensemble des représentants de la profession a planché pendant plus d’un an. Après avoir pris acte de la décision de la FSPF, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) veut rappeler qu’elle s’oppose, elle aussi, à l’entrée de tout acteur extérieur à la pharmacie dans le capital des officines.
Mercredi 2 avril, les pharmaciens auraient dû découvrir les conclusions du rapport « Quels leviers actionner pour préserver l’indépendance des pharmacies en France face à la financiarisation ? ». Un document d’une quarantaine de pages, initié par l’USPO, et qui a mobilisé l’ensemble des représentants de la profession. « Le Conseil national de l’Ordre nous a demandé de reporter sa publication car ils sont encore en attente d’éléments juridiques », explique Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO. Plus que l’annonce de ce report, c’est surtout la décision de la FSPF de ne pas signer le rapport qui interroge aujourd’hui. Au terme de son assemblée générale, qui a notamment conduit à la réélection de Philippe Besset à la tête du syndicat pour les trois prochaines années, les syndicats départementaux de la FSPF ont en effet décidé de ne pas valider ce travail. Une décision motivée ainsi : « L’assemblée générale a repoussé ce rapport car elle ne veut pas réguler le phénomène mais l’éliminer, explique Philippe Besset dans les colonnes du « Pharmacien de France ». Elle demande à la FSPF de plancher sur un plan pour que les officines puissent continuer à être exclusivement détenues par des pharmaciens qui, s’ils ont besoin de financement, peuvent se tourner vers le système bancaire. Le message est très clair : la FSPF refuse toute immixtion de non-pharmaciens dans la gestion d’une officine », clame le président de la FSPF.
Alors que la lutte contre la financiarisation est aujourd’hui l’un des défis majeurs que la profession va devoir relever dans les années à venir, comment peut-on interpréter le refus de la FSPF ? Signifie-t-il que les propositions contenues dans le rapport n’étaient pas assez ambitieuses ? « Il faut premièrement rappeler quel était l’objectif premier de ce travail : dresser un état des lieux de la financiarisation des pharmacies d’officine, faire le point sur ce qui existe déjà », commence par préciser Pierre-Olivier Variot, le président de l’USPO. « Au sein du groupe de travail, chacun avait une partie qui lui était confiée. L’Ordre devait identifier les leviers juridiques susceptibles d’évoluer. La Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP) devait trouver des leviers économiques pour lutter contre la financiarisation. L’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) travaillait sur les moyens de sensibiliser les étudiants à ce phénomène et le rôle de la FSPF était de trouver des solutions pour mobiliser tout le monde. »
Aujourd’hui, du côté de l’USPO, on peine à comprendre la décision de la FSPF, d’autant plus que les positions générales des deux entités sur la problématique de la financiarisation semblent assez proches. « Notre position à l’USPO est claire. Nous ne voulons aucun non-pharmacien dans le capital des officines. Nous sommes contre l’utilisation de capitaux extérieurs et nous l’avons toujours été. » Pour l’USPO, la décision de la FSPF tient davantage de la démarche « politicienne » que d’une véritable opposition de fond et l’on regrette également un manque d’investissement du syndicat présidé par Philippe Besset. « Ils n’ont jamais assisté en présentiel à l’une des réunions de travail. Je ne suis même pas sûr que quelqu’un à la FSPF ait lu le rapport final », avance le président de l’USPO. Pierre-Olivier Variot n’espère pas un revirement de la FSPF. « J’espère pouvoir présenter ce rapport avant la fin du mois d’avril. L’assemblée générale de la FSPF a voté pour ne pas le signer, ils ne vont pas revenir en arrière. Quoi qu’il arrive, l’USPO le signera et nous avons l’accord des autres parties (l’Ordre, la CAVP, l’ANEPF), qui, elles aussi, se sont aussi engagées à le signer », assure Pierre-Olivier Variot.
De son côté, Philippe Besset répond qu’il n’a eu d’autre choix que de se plier au vote de ses présidents départementaux. « Le rapport leur a été envoyé et ils ont donc pu le consulter avant le vote, précise-t-il tout d’abord. Ils ont interprété les conclusions de ce rapport de la manière suivante : la financiarisation ne peut être interdite, on essaie simplement de l’encadrer donc d’une certaine manière, cela revient à l’admettre. Doit-on accepter l’inacceptable en somme ? Cela a créé, je pense, une réaction épidermique chez eux. Cela dit, je ne m’attendais pas forcément à ce qu’ils s’opposent à la signature du rapport, admet-il. Sur la question de l’ouverture du capital à des non-pharmaciens, mon syndicat et l’USPO avons la même position mais les présidents des syndicaux départementaux de la FSPF eux, veulent aller encore plus loin ». Philippe Besset en convient, la mission que lui ont confiée les présidents locaux de son syndicat ne va pas être simple. « Nous allons monter un groupe de travail. Son objectif sera de trouver des pistes pour interdire toute financiarisation pour les pharmacies de ville d’ici à la tenue du prochain congrès de la FSPF, en octobre ». D’ici là, d’autres travaux sont attendus. L’inspection générale des affaires sociales (IGAS) et la direction générale des finances (DGF) rendront en effet un rapport sur la financiarisation du système de santé le 11 avril.
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