Les ruptures en médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) ont fléchi depuis le pic des années 2020-2022, comme en atteste une étude de la DREES. Une amélioration que masquent cependant de récents épisodes comme la rupture en quétiapine.
Les ruptures et les risques de ruptures en médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), soit 10 000 présentations sur 17 000 commercialisées, sont à la baisse, selon les statistiques publiées par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) le 27 mars. Ce constat résulte d’une comparaison entre les deux ans passés et les années antérieures, soit entre le fameux hiver 2022-2023 (800 ruptures simultanées) et 2020.
Cet hiver 2022-2023, l’état des stocks était dans une situation catastrophique, du jamais vu de mémoire de pharmaciens : 8 millions de boîtes manquantes par mois*. L’augmentation constante des ruptures observée lors de la pandémie a connu son apogée en 2022, année au cours de laquelle la barre des 1 500 déclarations a été franchie. Depuis, cette cote d’alerte n’a plus été atteinte. De fait, après un tassement en 2023, un net fléchissement a été enregistré l’année dernière, le nombre de nouvelles déclarations passant sous le seuil du millier. « Fin 2024, environ 400 produits venaient encore à manquer, un niveau certes en retrait par rapport au pic mais encore élevé », concède l’étude. Quant aux risques de ruptures que les fabricants sont obligés de signaler depuis 2020, ils ont aussi ont reculé pour la première fois l’année dernière. Selon Gladys Baudet (DREES), « la moitié des laboratoires disaient avoir plus de 2 mois de réserve contre 1,3 mois fin 2022 ».
Ruptures et risques de rupture, ces deux phénomènes qui impactent gravement l’exercice officinal au quotidien vont-ils poursuivre leur décrue ? Ou au contraire se maintenir à un niveau somme toute encore élevé ? Si elle se veut rassurante sur le reflux constaté, l’étude de la DREES pointe des signaux inquiétants. Toutes les classes de médicaments ont été touchées par le passé par les ruptures et cette fragilité demeure sur l’ensemble des MITM. « Toutes les classes thérapeutiques sont affectées par des épisodes de baisses des ventes drastiques », confirme l’étude selon laquelle, dans le top 3, le système cardiovasculaire tient le haut du pavé avec une part de 29 %, suivi par le système nerveux (21 %) et par les anti-infectieux à usage systémique (14 %). Autre enseignement, alors que dans un contexte marqué par la sortie de l’épidémie et de l’invasion de l’Ukraine, les difficultés en approvisionnement en matières premières avaient été évoquées – comme dans d’autres secteurs d’activité - pour expliquer les tensions et ruptures, elles ne seraient finalement responsables que pour 10 % du phénomène. Les risques de ruptures et les ruptures sont multifactorielles, conclut la DREES reprenant un constat déjà relayé par le passé.
Cet apaisement tout relatif dont témoigne le plateau observé au deuxième semestre 2024 ne doit pas faire oublier le scandale que les ruptures de stock constituent pour des patients en perte de chance thérapeutique et pour les pharmaciens, consacrant de précieuses heures de travail à dénicher la boîte manquante ou le produit alternatif. Au sujet des alternatives thérapeutiques justement, la DREES relève, dans ce domaine également, une nette amélioration. « Au 31 décembre 2024, cinq alternatives thérapeutiques aux ruptures de stocks étaient disponibles contre quatre au moment du pic en 2023. »
Le Leem (Les entreprises du médicament) n’a pas tardé à réagir à cette étude. Il estime que la baisse de 22 % des déclarations de risques de rupture et ruptures entre 2023 et 2024 est le résultat des efforts déployés conjointement par l’administration, les industriels et les distributeurs « que ce soit à travers le plan de lutte contre les pénuries de 2023, la signature de la Charte d’engagement des acteurs de la chaîne du médicament (en cours d’opérationnalisation) ou encore le déploiement de l’outil de suivi TRACStocks (1 698 références) permettant, sous l’égide de l’agence du médicament, la mise en place anticipée de mesures appropriées ». En référence aux données publiées par l’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM), le Leem estime positif le bilan du plan hivernal : « Au 20 mars, plusieurs mesures restrictives ont été levées en raison de l’amélioration de la disponibilité des médicaments et de la stabilisation de la production. L’un des symboles des pénuries passées, l’amoxicilline, bénéficie désormais d’un approvisionnement régulier couvrant les besoins des patients. » « Toutefois, la lutte contre les pénuries ne peut être gagnée que par une approche française et européenne coordonnée et des mesures structurelles adaptées », déclare Thierry Hulot, président du Leem.
*Différence entre volumes vendus et volumes de référence
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