Depuis le 1er juillet, le téléphone de François Douère, directeur général d’EvoluPharm, n’a cessé de sonner : à chaque rebondissement réglementaire sur les remises de génériques, il a fallu recalculer et ajuster. « À 24 heures près, tout changeait », résume-t-il. Cette réactivité tient à la structure même du groupement : une association de 1 250 adhérents qui détient sa propre gamme de génériques, EvoluGen. La marque représente aujourd’hui 1 % de parts de marché en France, avec 75 % de ses 80 molécules essentielles produites en Europe. Cette offre est complétée par des partenariats avec Biogaran, EG Labo, TEVA et Arrow.
« Le fait d’avoir notre propre gamme de génériques et d’être une entreprise à taille humaine nous a permis de réagir vite », se félicite François Douère. Dès la publication du décret du 4 août, EvoluPharm a baissé ses remises sur les génériques à 30 %, avant de les remonter à 40 % dés l’annonce de la suspension de l’arrêté le 25 septembre après la publication de l’arrêté de suspension, le 7 octobre. Aujourd’hui, le groupement affirme arrive à maintenir un taux de 40 % sur la majorité de ses produits, sauf contraintes imposées par le laboratoire.
De nombreux laboratoires, selon lui, n’ont pas réagi aussi immédiatement à la suspension de la baisse à 30 %. Différentes raisons à cela : des processus de décision plus longs dans les grands groupes, une stratégie d’attente pour voir si la suspension serait pérenne, et enfin un calcul économique certain. « Les gains potentiels dus aux baisses de remise, alors que les prix n’ont pas encore baissé, ont fait que les génériqueurs ont freiné des quatre fers », analyse le directeur général. Certains laboratoires auraient ainsi limité leurs pertes ou optimisé leurs marges, au détriment des pharmaciens.
Les appels d’offres tirent les prix vers le bas
La suspension de l’arrêté pour trois mois, sans autre annonce à ce jour, ne fait qu’ajourner les échéances à fin décembre 2025 et début 2026. « En janvier, les plafonds risquent simplement de revenir à 30 %, prévient-il. Mais nous avons déjà mis en place la mécanique pour minimiser l’impact sur la trésorerie des pharmaciens ». EvoluPharm a, en effet, négocié avec ses partenaires (Biogaran, EG Labo, TEVA, Arrow) un système permettant de remonter les remises directement sur la facture, sans délai ni avance. « C’est le cas avec Biogaran et EG Labo. Avec TEVA, il peut y avoir un décalage, mais on travaille à tout uniformiser. » Un moyen de rassurer les pharmaciens sur leur trésorerie. « Nos commerciaux font plus d’accompagnement psychologique que de vente en ce moment ».
François Douère craint en outre un effet domino avec certaines mesures du PLFSS : « Si l’on tire à boulet rouge sur les produits matures, les ruptures de stock vont revenir. » L’article 35 réintroduit, en effet, un « référencement sélectif », qui consiste à ne rembourser que certains médicaments, sélectionnés sur appel d’offres. « Avec les appels d’offres, le pharmacien n’est plus qu’un simple exécutant », déplore celui qui a travaillé dans l’industrie pharmaceutique en Allemagne, au Danemark, en Norvège et au Royaume-Uni. « La conséquence est inévitablement une baisse des prix : soit vous remportez l’appel d’offres avec des prix bas, soit vous devez vous débarrasser de vos stocks à tout prix. »
Résultat : « Cela crée un risque de pénurie et une délocalisation encore plus importante car pourquoi fabriquer pour la France si les labos peuvent vendre dix fois plus cher au Brésil ou au Mexique ? », interroge-t-il. Face à un environnement réglementaire mouvant, EvoluPharm mise sur son agilité pour amortir les chocs à venir. Le groupement espère démontrer que la stabilité des génériques — et celle des officines — dépendra avant tout de leur capacité collective à garder la main.
 
                        
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