Comment se représente-t-on le cannabis médical en France ?
Marie Jauffret-Roustide.- Selon une enquête réalisée en population générale par l’observatoire français des drogues et des tendances addictives, neuf Français sur dix sont favorables à la mise à disposition de cannabis thérapeutique pour les patients qui en ont besoin. Les professionnels de santé sont aussi globalement pour. Mais nombre d’acteurs politiques se montrent au contraire opposés à un usage médical du cannabis, perçu, à tort, comme une porte d’entrée vers une légalisation du cannabis récréatif.
Comment expliquer cette inquiétude des politiques ?
Dans certains pays qui ont légalisé le cannabis récréatif, une autorisation du cannabis thérapeutique a pu précéder. D’où l’idée d’une causalité entre mise à disposition de cannabis médical et ouverture au cannabis récréatif – en réalité fausse : il existe des contre-exemples de pays qui ont autorisé le cannabis médical sans aller vers une légalisation du cannabis récréatif. Par ailleurs, pour certains politiques, ouvrir la porte à toute forme d’autorisation du cannabis est assimilé à un discours laxiste, à ne plus rien encadrer, et à in fine favoriser les consommations et dommages liés aux drogues.
Pourquoi cette déconnexion entre politiques et population ?
Certains représentants politiques peuvent afficher une posture idéologique - avec des discours d’autorité, de retour à l’ordre, etc. Au contraire, en population générale, les individus s’appuient plus sur leur expérience personnelle ou celle de leurs proches. Or fréquenter des personnes atteintes de maladies chroniques sensibilise davantage à un discours médical sur l’intérêt du cannabis thérapeutique.
Les annonces du ministre de la Santé signent-elles un renversement de cette posture politique ?
Tandis qu’en matière de drogues, on n’entendait jusqu’à présent plutôt les ministres de l’Intérieur ou de la Justice, la parole d’un ministre de la Santé – favorable à l’expérimentation – est enfin devenue audible, débloquant la situation vis-à-vis du cannabis médical. Cependant, concernant le cannabis récréatif, le discours n’a pas changé, et reste fondé davantage sur de l’idéologie que sur des preuves scientifiques – qui montrent pourtant que la prohibition n’est pas le meilleur modèle pour réduire les consommations et promouvoir l’accès aux soins. En témoignent les hauts niveaux de consommation enregistrés en France – où la loi compte parmi les plus répressives d’Europe. Et légaliser ne veut pas dire déréguler : certaines mesures d’encadrement appliquées notamment au Québec se révèlent associées à un recul de deux ans de l’âge à la première consommation.
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