Quel accès aux études de santé, et plus particulièrement à la filière pharmacie, souhaitez-vous voir être mis en place ?
Vincent Lisowski. - Nous sommes en faveur d’un système qui comprend une voie unifiée d’accès aux filières médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie et kinésithérapie (MMOPK). Seulement, nous défendons aussi l’expérimentation dans les facultés volontaires - le mot est important – d’un accès direct aux études de pharmacie pour une volumétrie restreinte d’étudiants. Les bacheliers choisissant cette seconde voie suivraient les enseignements de la voie unifiée, mais ne seraient pas mis en compétition avec les autres étudiants à l’issue de cette première année pour intégrer une année supérieure. Leur accès à l’année suivante se ferait sur la base d’un niveau minimal attendu aux examens.
Syrine Ayed. - Pour notre part, nous souhaitons refondre les deux voies qui coexistent aujourd’hui, le Parcours d’accès spécifique santé et la Licence accès santé (PASS/LAS), en une voie d’accès universelle aux filières MMOPK. Le modèle actuel est illisible pour les étudiants, qui se perdent entre ces deux voies, qui diffèrent d’ailleurs selon les Unités de formation et de recherche (UFR). Nous ne sommes cependant pas en faveur d’un accès direct à la filière pharmacie, comme cela est proposé dans le texte de la sénatrice Corinne Imbert.
Quels sont les arguments qui soutiennent vos positions ?
Vincent Lisowski. - Cette position part du constat qu’un large nombre de lycéens souhaitent se lancer dans un cursus pharmaceutique, mais que l’on ne retrouve pas ces jeunes sur les bancs de pharmacie par la suite. Ils sont découragés par un système complexe et effrayant ou broyés par le parcours. Nous voulons sortir de ce dogme qui veut qu’il faille souffrir pour être un bon soignant. Ces 4 dernières années, ce sont près de 2 000 places qui sont restées vacantes. Dans un contexte où la démographie des pharmaciens, tous métiers confondus, se porte mal, c’est considérable. Nous tentons de former suffisamment de pharmaciens pour répondre aux besoins. Par ailleurs, quatre étudiants sur dix s’engagent encore dans le cursus pharmaceutique par défaut. Ces profils sont ardus à emmener et accompagner tout au long de leurs études tant la motivation leur manque. Ils sont d’ailleurs nombreux à abandonner ou à tenter une passerelle pour intégrer une autre filière de santé. Voilà sur quoi se fonde notre position. La voie unifiée ne résout par le problème de hiérarchisation des filières qui pénalise la pharmacie.
Syrine Ayed. - Une consultation a été menée sur le double parcours actuellement en vigueur. Elle a réuni 13 000 réponses qui indiquent que le dispositif PASS/LAS ne fonctionne pas. Par ailleurs, ce résultat est corroboré par un rapport de la Cour des comptes, qui souligne le besoin de lisibilité dans l’accès aux filières de santé. C’est pourquoi nous sommes en faveur d’une voie unique et commune, projet que nous portons depuis maintenant trois ans. Concernant un potentiel accès direct, nous sommes inquiets qu’il ne crée des inégalités d’accès entre les étudiants. Dans les consultations menées, les étudiants expriment qu’ils n’y sont pas favorables. Une part importante des étudiants en pharmacie nous rapporte que s’ils avaient dû choisir immédiatement après le BAC, ils n’auraient pas opté pour la pharmacie. Par conséquent, le modèle d’accès unique sera-t-il viable sur le long terme et répondra-t-il aux enjeux de visibilité de la filière ? Le fait qu’un effectif restreint soit seulement sélectionné dès le BAC tandis qu’une autre partie de bacheliers aille dans la filière commune pèse sur la lisibilité. Et c’est précisément ce que l’on reproche au dispositif actuel. Cela va à l’encontre de l’objectif même de la réforme.
Le dispositif de passerelle permettant d’accéder aux filières de santé constitue-t-il une option que vous envisagez ?
Vincent Lisowski. - La Conférence des doyens a demandé au ministère de modifier l’arrêté sur la passerelle en santé, pour l’ouvrir à certaines mentions de licence. Nous ne comprenions pas que seulement les DEUST, comme celui de préparateur en pharmacie, soit un niveau bac + 2 et ensuite seulement les masters, soit un niveau bac + 5, puissent se porter candidats. Cela nous semblait légitime d’ouvrir l’accès à la pharmacie aux licences à niveau BAC + 3 et cela permet à des étudiants qui ont cet objectif mûri d’accéder à nos études. Nous croyons que la diversité académique, que nous appelons de nos vœux, réside précisément dans ce dispositif, qui enrichit nos promotions avec des origines académiques variées. Il y a eu beaucoup de candidatures d’étudiants de licence cette année, c’est un début de succès. C’est une chance de plus donnée à des étudiants qui souhaitent faire pharmacie et cela permet à des étudiants qui ont cet objectif mûri d’accéder à ces études.
Syrine Ayed. - C’est une voie d’accès à laquelle nous sommes favorables, tant qu’une attention particulière est portée au niveau académique de l’étudiant qui y prétend. L’idéal serait qu’il n’y ait pas de différence de niveau, mais si toutefois il y en avait, il existe des dispositifs de tutorat à partir de la deuxième année auquel les étudiants ayant bénéficié de la passerelle pourraient s’inscrire.
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