Comment la recherche de médicaments de l’obésité a-t-elle débuté ?
Pr Jean-Louis Schlienger : Pendant longtemps, les médecins ne se sont pas intéressés à l’obésité – plus considérée comme une disgrâce que comme une pathologie. C’est à la fin du XIXe siècle que des régimes ont commencé à être proposés, et que l’histoire pharmacologique des traitements l’obésité a commencé, avec la découverte de la thyroxine et de sa capacité à accélérer le métabolisme : l’opothérapie, fondée des extraits thyroïdiens, était née. Cependant, ce traitement se révélait peu efficace, avec des effets indésirables thyroïdiens.
Quand l’industrie s’est-elle impliquée ?
Dans les années 1930, marquées par la découverte des amphétamines – développées contre l’asthme mais dont les effets psychostimulants, avec réduction de la sensation de fatigue et de faim, ont été remarqués pendant la seconde guerre mondiale chez les soldats allemands et américains. D’où, après-guerre, des repositionnements comme coupe-faim. Mais à cause d’effets psychiatriques et addictogènes, ces produits ont été interdits. Toutefois, l’industrie pharmaceutique n’a pas renoncé aux médicaments à « racines amphétaminiques », dont le Mediator… jusqu’aux retraits pour hypertension artérielle pulmonaire et valvulopathies.
Y avait-il des pistes moins dangereuses ?
Très peu. La sibutramine, qui permettait de couper la faim par inhibition centrale de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, a aussi été retirée pour effets indésirables cardiovasculaires. Et le rimonabant, qui devait être le blockbuster de Sanofi avec son action d’inhibition du circuit de la récompense, a été interdit pour des syndromes dépressifs ayant pu conduire à des suicides. En fait, le seul médicament toujours commercialisé est l’orlistat, bloqueur de l’absorption des graisses alimentaires toutefois à l’origine de diarrhées fréquentes avec parfois des fuites anales, pour une perte pondérale faible.
Les analogues des incrétines sont-ils plus sûrs ?
On est plus vigilant qu’auparavant. Des alertes concernant des cancers médullaires de la thyroïde observés chez l’animal, par exemple, sont suivies. Mais ces médicaments non amphétaminiques ne provoquent pas d’effet d’accoutumance ou d’effets cardiovasculaires délétères - au contraire. Globalement, pour le moment, la sécurité des analogues des incrétines apparaît honorable. Toutefois, des effets digestifs suffisamment importants, fréquents et dissuasifs compromettent l’utilisation correcte et durable du traitement. Le risque de rebond pondéral à l’arrêt interroge aussi, rappelant que la poursuite des changements du mode de vie est indispensable.
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