Dans les toilettes de la faculté, la mère d’Alice s’impatiente.
- Il est bientôt l’heure ma chérie.
- Je ne peux pas. J’ai mal au ventre et j’ai envie de vomir, répond la jeune fille derrière la porte verrouillée.
- C’est le trac, c’est normal. Mais il n’y a aucune raison pour que ça se passe mal. Tu as tellement bossé ma chérie, et en plus ton sujet est incroyable. Mais tu ne peux pas faire attendre le jury.
Alice essuie une larme sur sa joue et se mouche. Elle se décide à se lever mais sitôt debout, son ventre se contracte et une nouvelle crise de colique la saisit.
- Quand tu étais petite, je t’allongeais sur le canapé, tu posais ta tête sur mes genoux et je te faisais un petit massage du ventre. Tu te souviens ma chérie ?
- Oui maman. Mais dès que je me relève, le mal de ventre reprend et j’ai l’impression qui je ne peux pas me retenir. J’ai une gastro.
- Mais non, tu n’as pas de gastro. Tu as juste un gros coup de stress. C’est dans ta tête, juste dans ta tête. Mais c’est tout à fait normal et même très positif.
- Tu crois ?
- Bien sûr. Berléand, tu vois qui c’est ? L’acteur qui joue dans les Choristes. Il expliquait à la radio qu’avant chaque première, il s’enfermait pendant plusieurs heures aux toilettes et se vidait. Et puis une fois sur scène, plus rien, juste le plaisir.
Alice ouvre timidement la porte. Sa mère la prend dans ses bras :
- C’est comme ça, il faut l’accepter. C’est ton destin, comme disaient les nuls…
- Mais non, les inconnus maman, répond Alice qui a retrouvé le sourire.
L’étudiante s’approche du miroir.
- Oh, je suis horrible ! J’ai une tête de sorcière d’Halloween…
- Tu as tout juste deux minutes pour te remaquiller avant que ton père ne déboule pour nous presser de sortir. Tiens, j’ai tout apporté, dit la mère d’Alice en fouillant dans son sac à main.
La porte s’ouvre brusquement.
- Il faudrait peut-être y aller maintenant, s’inquiète le père d’Alice. La thèse précédente vient de se terminer.
La mère et la fille se regardent et éclatent de rire.
- On arrive, lui répond Alice sur un ton serein qui contraste avec l’état dans lequel elle était cinq minutes auparavant.
Le regard fixé sur le jury, Alice détaille la vie d’Androline Domergue, première femme inscrite à la faculté de pharmacie de Montpellier, et livre son analyse sur les grandes figures féminines de la pharmacie. En face d’elle, Madame Grimbert, la directrice de thèse et professeur de droit d’Alice, écoute attentivement son élève. Peu convaincue par le sujet au départ, elle s’est petit à petit prise de passion pour ces femmes dont Alice dresse le portrait dans sa thèse.
D’une voix assurée, Alice amorce la conclusion de son exposé.
- Quel héritage ces femmes, que je viens de vous présenter, nous laissent-elles aujourd’hui ? Cet héritage dépasse l’univers de la pharmacie. Il s’inscrit dans un projet de société, une société dans laquelle les compétences et la détermination l’emportent sur le sexe ou l’origine, bousculent les cases dans lesquelles nous sommes enfermés dès notre naissance parce que nous sommes femmes, issus d’un milieu social défavorisé ou…
- Elle est brillante cette petite, murmure J-C à l’oreille du père d’Alice.
- Et elle n’a pas fini de nous surprendre…
(À suivre…)
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