Deux pharmaciens de Mons-en-Baroeul, dans les Hauts-de-France, ne savent plus que faire face au harcèlement de leur propriétaire, titulaire interdite d’exercer pour deux ans, qui leur a vendu l’officine en 2024. Ses messages de dénigrement auprès de leur patientèle les ont poussés à témoigner publiquement de leur situation.
« Pour nous, c’était une opportunité de nous installer. On n’aurait jamais imaginé la suite. » Avec un autre jeune pharmacien, diplômé de la faculté de pharmacie de l’université de Lille, Ilyes Ben Achouba a repris la pharmacie de la République, à Mons-en-Baroeul, en juin 2024. « L’officine avait un chiffre d’affaires de 600 000 euros, on l’a rénovée, on a ouvert avec des horaires plus amples, on a repris la préparatrice qui était là depuis plus de 20 ans », raconte le titulaire. Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. « Il ne reste que 5 patients sur la centaine des plus gros clients au moment de notre reprise, déplore-t-il. Elle les a tous fait fuir. »
Elle, c’est la propriétaire qui leur a vendu l’officine tout en restant propriétaire des murs, logeant dans un premier temps au-dessus de la pharmacie. « Elle nous a dit qu’elle devait vendre parce qu’elle avait un cancer et devait déménager à Paris pour se soigner », raconte le pharmacien. Nassim Bouremane, son associé, a revendu sa pharmacie de Lille-Hellemmes. Ilyes Ben Achouba a quitté son poste de titulaire adjoint. « Le jour de la signature du compromis de vente, lorsque le notaire a lu la clause sur le fait que le vendeur ne fait pas l’objet de poursuites judiciaires, elle nous a dit qu’elle était interdite d’exercer. À ce moment-là, l’Ordre des pharmaciens des Hauts-de-France nous a informés de la situation. »
Selon « La Voix du Nord », l’ancienne propriétaire a fait l’objet, le 30 mars 2022, d’une plainte de la caisse primaire d’assurance maladie pour « facturation de produits de santé en quantités supérieures aux quantités achetées » et devait plus de 100 000 euros à l’assurance-maladie. Le 1er décembre 2022, le conseil régional de l’Ordre a prononcé à son encontre une interdiction d’exercer pendant 5 ans, réduits à 2 ans en appel en février 2024. Une sanction qui devait s’appliquer à partir du 1er juin 2024.
« Comme on avait enclenché les procédures d’achat, on a signé, raconte Ilyes Ben Achouba. Après coup, le notaire nous a informés qu’il y a souvent des problèmes lorsque le propriétaire reste dans les lieux. Elle nous a coupé le chauffage en plein hiver et coupé l’électricité. Mais ce n’est qu’une partie de ce qu’elle nous a fait. »
Depuis l’été dernier, le titulaire enregistre ce qui pourrait servir de preuves dans une procédure judiciaire pour harcèlement et dénigrement : des vidéos de télésurveillance, des SMS à des clients faisant état de dénigrement à caractère raciste… La caméra a, en effet, filmé l’ex-pharmacienne en train de ramasser des crottes de son chien et de les déposer devant l’officine, de disposer des bouteilles d’alcool sur les rebords de fenêtres, de voler le tapis d’accueil, de verser des liquides douteux à l’entrée… Après avoir été cambriolés, les deux jeunes pharmaciens en sont venus à la soupçonner d’en avoir profité pour prendre des produits de parapharmacie.
La pharmacienne a beau avoir quitté le logement, pour aller travailler dans une parapharmacie éloignée, elle continue à appeler ses anciens patients et poste des commentaires sur Google. « Mon confrère a fait une dépression, et a pris ses distances. Nous avons trois salariés, nous avons autre chose à faire que répondre aux rumeurs qu’elle fait circuler et effacer ses commentaires. »
Les policiers municipaux viennent régulièrement relever les dégâts. Un huissier est venu constater la coupure de chauffage. Les pharmaciens ont porté plainte à quatre reprises. « Nous avons contacté le procureur, envoyé un courrier au maire, cela ne débouche sur rien », déplore Ilyes Ben Achouba. Il a rencontré le président du conseil régional de l’Ordre des pharmaciens (CROP) des Hauts-de-France à deux reprises. « La deuxième fois, il m’a indiqué qu’il ne pouvait plus rien faire car elle n’est plus pharmacienne. » David Alapini, président du CROP, assure de son côté avoir « joué le rôle de médiateur ». « Elle s’est engagée à ne plus faire parler d’elle, explique-t-il, je découvre qu’il y a eu des suites dont je n’ai pas été informé. » Inquiets pour leur pharmacie, Ilyes Ben Achouba et Nassim Bouremane ont le sentiment d’avoir épuisé toutes les voies légales pour être entendus.
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