Les mots du patient
- « La dermatite atopique a-t-elle une origine héréditaire ? »
- « Mon petit Arthur a des plaques rouges sur le visage. »
- « Y-a-t-il un lien entre l’eczéma du nourrisson et l’asthme ? »
- « Que conseillez-vous ? Mon fils de 8 mois dort mal car son eczéma le démange. »
- « Un adulte peut-il avoir une dermatite atopique ? »
Dans les grandes lignes
La dermatite atopique (DA), ou eczéma atopique, est une dermatose inflammatoire survenant sur un terrain génétiquement prédisposé aux allergies banales (« atopie ») et favorisée par des facteurs environnementaux : c’est donc la composante dermatologique de l’atopie. Cette maladie chronique associe des poussées et des accalmies symptomatiques plus ou moins récurrentes et prolongées.
Si elle évolue généralement vers une rémission complète passé plusieurs mois ou, surtout, quelques années, il arrive qu’elle persiste toute la vie : quelque 5 % environ des cas concernent des adultes, certains voyant parfois l’affection apparaître tardivement.
Le patient atteint présente souvent d’autres signes d’atopie : rhinite allergique, asthme, conjonctivite, allergie alimentaire. La DA serait associée – la corrélation reste discutée – à des comorbidités cardiovasculaires, rénales, endocriniennes et psychiatriques.
La Société française de dermatologie (SFD) a actualisé en 2023 ses recommandations sur la DA, focalisées sur sa prise en charge thérapeutique, présentées ici dans leurs grandes lignes, sans évoquer les traitements alternatifs et/ou complémentaires (acupuncture, phytothérapie, homéopathie, etc.) ni détailler les mesures environnementales conseillées.
Environ 5 % des adultes sont atteints de dermatite atopique
Dermatose la plus répandue après l’acné
Avec une incidence en progression depuis les années 1960 dans les pays industrialisés, la DA est une maladie banale. Un plateau semblerait toutefois avoir été atteint au cours de la décennie 2000 dans diverses régions. Selon le registre épidémiologique ISAAC (International Study of Asthma and Allergies in Childhood), elle affecte en Europe environ 8 % à 9 % des enfants de 6-7 ans et 10 % à 15 % des adolescents de 13-14 ans, mais seulement 3 % à 5 % des adultes. Dans tous les cas, le sexe féminin est un peu plus affecté que le masculin. 25 % des personnes concernées présentent aussi une allergie alimentaire, un asthme et/ou une rhinite allergique.
En France, 2 millions de sujets sont touchés dont près de 4 % de la population adulte : la DA est ainsi la maladie de peau la plus répandue après l'acné. Parmi ces patients, 100 000 environ sont concernés par une forme sévère.
Les gènes et l’environnement en cause
La composante génétique est importante dans toutes les formes d’atopie. Ainsi, entre 50 et 70 % des enfants atopiques ont un parent au premier degré qui présente un signe d'atopie (eczéma dans son enfance par exemple). Si ses deux parents sont atopiques, le risque pour un enfant de l’être aussi atteint 80 %.
Le patient atteint de DA porte une ou plusieurs mutations génétiques affectant notamment (mais non exclusivement) le gène FLG situé sur le chromosome 1 et codant la profilaggrine. Celle-ci est clivée en filaggrine, une phosphoprotéine qui participe à la cohérence entre les cellules de la couche cornée de la peau, en concourant notamment à l’agrégation des fibrilles de kératine et donc au maintien de l’intégrité et de l’imperméabilité de la barrière cutanée. Ces mutations sont à l’origine d’anomalies dans l’épiderme, qui, plus perméable, perd de son hydratation (d’où la xérodermie) et laisse des substances extérieures type antigènes, irritants, etc. pénétrer plus facilement (d’où les réactions inflammatoires). L’altération de la filaggrine rend la peau plus basique, ce qui favorise sa colonisation par des bactéries pathogènes, ralentit la réparation des lésions inflammatoires et stimule l’activité de diverses enzymes dont des sérines protéases qui clivent certains constituants de la barrière cutanée et la fragilisent.
La DA doit beaucoup aussi aux facteurs environnementaux. Son incidence est d’autant plus importante que le niveau socio-culturel est élevé, de multiples facteurs contribuant à ce phénomène en perturbant le microbiome digestif et/ou cutané avec un impact variant selon l’âge et la maturité immunitaire : excès d’hygiène diminuant l’exposition aux agents infectieux durant la petite enfance - et donc la stimulation du système immunitaire à une phase critique de son développement -, abandon de l’allaitement maternel, diversification alimentaire précoce, agressions cutanées récurrentes mécaniques ou chimiques (savons, etc.), habitat confiné, mal ventilé, favorable aux acariens, contact répété avec des animaux domestiques, exposition au tabac, à la pollution, aux aliments ultra-transformés, grossesses plus tardives… Il reste difficile d’évaluer l’impact relatif de ces facteurs complexes, souvent associés et parfois antinomiques.
Chez le médecin
Clinique
La DA commence généralement vers trois mois mais parfois dès les premières semaines de vie, ses manifestations différant selon l’âge. Typiquement :
- Chez le nourrisson, des lésions, érythémateuses, sèches, parfois suintantes et croûteuses, apparaissent de façon symétrique sur les joues, le menton, voire le front ou le cuir chevelu, pour s’étendre sur les faces d’extension des bras et des jambes et sur le tronc.
- Chez l’enfant, passé 2 ans, les lésions prédominent dans les plis de flexion des coudes, des genoux et des poignets.
- Chez l’adolescent et chez l’adulte, les lésions, souvent lichénifiées, se localisent surtout sur le visage, le cou et les membres.
Si l’hygiène fait défaut ou en cas de grattage, les lésions se compliquent souvent d’une surinfection bactérienne, due principalement au staphylocoque doré (impétigo). Rare mais redoutée, la surinfection par un herpèsvirus disséminé (syndrome de Kaposi-Juliusberg) constitue une urgence médicale traitée par aciclovir injectable. Un sujet présentant une poussée herpétique ne devrait pas approcher un patient souffrant de DA, surtout un nourrisson.
La DA peut avoir un retentissement psychologique important, du fait des symptômes (prurit, etc.) et de son caractère souvent affichant. Elle peut ainsi être la source de troubles du sommeil, d’irritabilité voire d’un syndrome dépressif.
Diagnostic
Le diagnostic de DA, clinique, est orienté par le contexte. Les phases inflammatoires, motif fréquent de consultation, sont favorisées par des facteurs environnementaux : produits irritants, tissus, aliments, air trop sec, chaleur, sueur… Le stress ou des conflits psychoaffectifs ont parfois un rôle déclencheur des poussées.
Les causes possibles de l’affection sont ainsi recherchées par un interrogatoire minutieux. Des tests allergologiques facilitent l’identification des facteurs favorisant les exacerbations.
L'association de signes digestifs (diarrhées, régurgitations) évoque la possibilité d'une allergie alimentaire.
Il n’y a pas de seuil définissant la sévérité d’une DA, évaluée sur le nombre et la gravité des poussées, son retentissement psychologique, la qualité de vie. En l’absence de traitement curatif, l’intervention médicale visera à guérir les lésions et à prévenir les récurrences et le risque de surinfection, à atténuer l'inconfort de la xérostomie et du prurit.
Traitement émollient et hygiène de la peau
Indispensables, les émollients contribuent à restaurer la fonctionnalité de la barrière cutanée. Leur usage doit se conjuguer à une hygiène de la peau rigoureuse et adaptée.
Émollients
Les émollients associent un agent hydratant (urée, glycérol), un agent occlusif réduisant la perte hydrique (corps gras type vaseline, etc.) et, parfois, une substance active.
Les recommandations préconisent l’usage d’émollients hypoallergéniques, hydrophiles en période estivale (par exemple lait, crème), et d’émollients à haute concentration lipidique en période hivernale (par exemple baume). Leur application à long terme peut prolonger la durée d’une rémission. Ils s’appliquent en quantité suffisante (environ 250 g/semaine chez l’adulte) au sortir du bain ou la douche, après un séchage doux, sans frottements, sur une peau légèrement humide.
Ils sont utilisés en alternance avec un dermocorticoïde durant les poussées (corticoïde le matin, émollient le soir), ou isolément entre les poussées. Durant une poussée aiguë, le recours à un corticoïde topique juste avant l’application d’émollients peut, selon la SFD, améliorer la tolérance de ces derniers - parfois médiocre dans cette situation.
Hygiène de la peau
Un nettoyage régulier de la peau élimine les squames, croûtes et micro-organismes de la couche cornée. La température de l'eau est modérée (27-30 °C) et la durée du bain ou de la douche courte (environ 5 minutes). Il est possible de se laver entièrement tous les jours (bain ou douche) sans risque d’aggravation des lésions. Les agents nettoyants (synthetic detergents = « syndets », solutions aqueuses) ne contiendront ni irritants ni allergènes et leur pH sera compris entre 5 et 6.
Durant une poussée aiguë, le recours à un corticoïde topique juste avant l’application d’émollients peut améliorer la tolérance de ces derniers
Traitements anti-inflammatoires topiques
Le choix reste limité en France car les inhibiteurs de la phosphodiestérase-4 (PDE4) ou des Janus-kinases (JAK) ne sont pas disponibles sous forme topique dans cette indication : le dermatologue prescrira un dermocorticoïde ou du tacrolimus. Le choix du topique dépend de l’âge du patient, de la localisation et du type des lésions.
Corticothérapie
Les dermocorticoïdes constituent la réponse de première intention face à une poussée de DA. Les molécules d'activité faible (classe IV selon la classification française ; certains pays ont une hiérarchie inversée) sont inefficaces dans cette indication. Celles d'activité modérée (classe III) sont utilisables chez l'enfant et le nourrisson, sur le visage (y compris les paupières), les plis et le siège. Les molécules d'activité forte (classe II) sont prescrites en cure courte, de 7 à 15 jours, sur les lésions inflammatoires du corps, ou en cure plus prolongée sur les lésions lichénifiées. Celles d’activité très forte (classe I) sont indiquées sur les lésions très inflammatoires, des mains et des pieds notamment, en cure courte, et ne sont pas utilisées chez l'enfant.
Sur le plan galénique, on préconise ainsi l’usage d’une crème sur les lésions suintantes et les plis, d’une pommade pour les lésions sèches et/ou lichénifiées, d’une lotion ou d’une mousse pour le cuir chevelu.
Corticoïdes : l’unité « phalangette » permet de traiter une surface équivalant à deux paumes de main
Le dermocorticoïde est administré selon deux modalités :
- Dans l’approche réactive, la posologie est d’une application quotidienne jusqu'à guérison, sans décroissance progressive en fin de traitement. Une surface équivalant à deux paumes de main sera traitée par une unité « phalangette », soit la quantité de crème déposée sur la longueur de la dernière phalange de l’index d’un adulte, avec un tube de 5 mm de diamètre. Pour limiter la quantité administrée cumulée, il faut débuter rapidement ce traitement intensif durant la phase aiguë (ex : l’application d’une quantité > 4 tubes de 30 g/mois d’une molécule de classe II au long cours chez l’adulte impose un avis spécialisé).
- Dans l’approche proactive, qui vise à limiter les récidives, l’application du même corticoïde est poursuivie généralement deux jours par semaine, sur les zones précédemment traitées avec succès et avec le même corticoïde. La durée de cette prise en charge est adaptée à la sévérité et à la persistance de la maladie.
Concernant le cas particulier d’une atteinte isolée des paupières, l’utilisation d’un dermocorticoïde de classe III est possible à la phase aiguë, mais le risque de glaucome ou de cataracte en cas d’usage prolongé fait préconiser l’usage du tacrolimus. Des lésions aiguës érosives et/ou suintantes ou lichénifiées peuvent bénéficier d’« enveloppements humides » d’un corticoïde de classe III durant quelques jours.
Restant rares si les recommandations sont respectées, les effets indésirables de la dermocorticothérapie (atrophie cutanée, vergetures, hypertrichose, érythrose du visage, allergies de contact, dépigmentation sur peau foncée, etc.) dépendent de la puissance, de la durée d’utilisation et de la localisation des applications. Les molécules de classe I et II appliquées sur des surfaces étendues peuvent exceptionnellement induire une insuffisance surrénalienne. Rappelons enfin qu’il n'y a pas de place pour une corticothérapie systémique dans la prise en charge de la DA (risque d’accoutumance et d’effet rebond).
Inhibiteur de la calcineurine
Le tacrolimus est un médicament d'exception prescrit par un dermatologue ou par un pédiatre à partir de 2 ans (pommade 0,03 % : Protopic) ou de 16 ans (pommade 0,1 % : Protopic ou Takrozem), dans le traitement des poussées de DA modérée à sévère en cas de réponse inadéquate ou d'intolérance aux traitements conventionnels, mais également dans la prévention des poussées et la prolongation des intervalles sans poussées chez le patient présentant au moins quatre exacerbations de la maladie par an, ayant initialement répondu à ce traitement appliqué 2 fois par jour pendant 6 semaines maximum.
Selon les recommandations de la SFD, l’unité « phalangette » et les modalités de traitement réactif et proactif s’appliquent ici aussi. Le traitement réactif est réalisé à raison de 2 applications/jour durant 3 semaines au maximum. Le schéma proactif (0,1 % 2 j/semaine) préconisé par la SFD montre chez l’adulte une efficacité préventive similaire à celle des corticoïdes forts. Chez l’enfant, ce schéma (0,03 % 2 j/semaine) réduit la fréquence et l’intensité des poussées.
Le tacrolimus constitue une première ligne dans le traitement au long cours des zones fines et fragiles sujettes aux réactions iatrogènes sous dermocorticoïdes (paupières avant tout mais aussi région péri-buccale, parties génitales, plis, etc.) : la pénétration est moindre et il n’induit pas d’atrophie cutanée. L’application peut entraîner durant quelques jours une sensation de brûlure et un prurit et expose à un risque d’effet antabuse. Elle n’expose pas à un sur-risque de développer un cancer cutané ou hématologique. L'exposition au soleil est déconseillée durant le traitement. Les experts suggèrent de recourir, lors d’une poussée aiguë à un dermocorticoïde avant le tacrolimus topique pour améliorer sa tolérance.
Traitement du prurit
Les anti-inflammatoires topiques ont un effet anti-prurigineux rapide. L’action des anti-H1 systémiques reste limitée sinon nulle : ils ne sont pas recommandés dans le contexte de DA.
Traitement des complications infectieuses
La prévalence de la colonisation cutanée par Staphylococcus aureus chez le patient ayant une DA est de 80 % sur peau lésée et 40 % sur peau indemne (10 % chez un sujet sain). La colonisation est réduite par les corticoïdes et par le tacrolimus topiques.
La prise en charge des lésions impétiginisées repose sur un nettoyage à l’eau et au savon, sans usage d’antiseptiques, avec antibiothérapie topique par mupirocine (2-3/j durant 5 j) si les lésions sont peu étendues, et antibiothérapie orale sur 7 jours si les lésions sont étendues (pristinamycine 1 g x 3/j ou céfalexine 2 à 4 g/j chez l’adulte ; amoxicilline/acide clavulanique 80 mg/kg/jour ou céfalexine 50 mg/kg/jour en 2 à 3 prises/j chez l’enfant). Les recommandations suggèrent la poursuite du traitement anti-inflammatoire topique en cas d’impétiginisation, sous réserve d’un traitement antibiotique adapté.
Les infections par les virus de l’herpès (HSV), de la varicelle et du zona (VZV), les poxvirus et les virus coxsackies sont plus fréquentes et plus sévères chez les patients atteints de DA. Les recommandations préconisent de traiter les suspicions d’eczéma herpétique avec un antiviral systémique sans attendre. L’usage des anti-inflammatoires topiques est suspendu en cas d’infection herpétique durant au moins 48 heures après l’instauration du traitement antiviral.
Traitement immunomodulateur systémique
Une DA modérée à sévère réfractaire aux traitements locaux peut nécessiter le recours à un traitement immunomodulateur systémique, y compris bien sûr chez l’enfant ou l’adolescent (selon l’AMM de la spécialité).
Ciclosporine
La ciclosporine est prescrite en première intention en cas de dermatite atopique justifiant une prise en charge systémique, chez l’adulte et l’adolescent ≥ 16 ans. Pour la SFD, la dose est, chez l’adulte, de 4 à 5 mg/kg/jour en 2 prises pour une poussée aiguë, et de 2,5 à 3 mg/kg/jour en 2 prises au long cours (sur 2 mois à parfois un an). La prescription est possible sur une période allant jusqu’à un an. Elle nécessite un suivi étroit de la tension artérielle et de la fonction rénale.
L’usage concomitant d’émollients, de dermocorticoïdes et de tacrolimus est possible. En revanche, l’association ciclosporine/photothérapie est à éviter (risque de cancer cutané).
Méthotrexate
Le méthotrexate est utilisé hors AMM dans le traitement de la DA modérée à sévère chez l’adulte comme chez l’enfant. La dose initiale est de 5-15 mg/semaine avec majoration jusqu’à 25 mg/semaine chez l’adulte. L’administration SC améliore la biodisponibilité et la tolérance par rapport à la voie orale. Une association à l’acide folique réduit l’iatrogénie digestive.
Le méthotrexate étant tératogène, une contraception efficace est nécessaire chez la femme en âge de procréer et chez l’homme partenaire d’une femme en âge de procréer.
L’utilisation concomitante d’émollients, de dermocorticoïdes et de tacrolimus, comme une association ponctuelle à la photothérapie est possible. L’association à la ciclosporine constitue une contre-indication relative.
Azathioprine et mycophénolate
Les recommandations de la SFD suggèrent de ne recourir ni à l’azathioprine ni au mycophénolate en cas de DA (hors AMM).
Biothérapies
D’assez nombreuses biothérapies sont indiquées, à l’échelle mondiale, dans la prise en charge de la DA : seules sont évoquées ici les spécialités autorisées en France.
Anticorps monoclonaux anti-IL-4 ou anti-IL-13
Trois anticorps bénéficient d’un agrément dans la prise en charge de la dermatite atopique modérée à sévère :
- Dupilumab (Dupixent, adulte en enfant ≥ 6 mois) à la dose de 300 mg/2 semaines après une charge de 600 mg à l’initiation du traitement ;
- Lébrikizumab (Ebglyss, adulte et adolescent ≥ 12 ans) à la dose de 250 mg/2 semaines après une charge de 500 mg avec une dose d’entretien de 250 mg/4 semaines ;
- Tralokinumab (Adtralza, adulte et adolescent ≥ 12 ans) à la dose de 300 mg toutes les 2 semaines après une charge de 600 mg, une administration toutes les 4 semaines étant envisageable chez un patient ne présentant plus ou que très peu de lésions après 16 semaines.
Bien tolérés, ces traitements exposent notamment à un risque de conjonctivite d’intensité légère à modérée, prise en charge par substituts lacrymaux et, si besoin, un anti-inflammatoire topique. Un recours concomitant aux émollients, aux dermocorticoïdes, au tacrolimus et à une photothérapie est possible.
Inhibiteurs de Janus-kinases
La famille des Janus Kinases (JAK) est constituée de JAK1, JAK2, JAK3 et de la tyrosine kinase 2 (TYK2) : ces tyrosine-kinases cytoplasmiques modulent l'expression de gènes en aval des médiateurs pro-inflammatoires. L'inhibition de JAK atténue, dans la DA, le prurit et régule l'expression de la filaggrine.
L’Agence européenne du médicament (EMA) a émis en 2023 des recommandations pour réduire le risque de morbi-mortalité (infections, tumeurs malignes, évènements cardiovasculaires et thromboemboliques veineux) avec les inhibiteurs de JAK utilisés dans les maladies inflammatoires chroniques, dont la DA. À son tour, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a formulé en 2023 des recommandations stipulant que ces médicaments ne doivent être prescrits dans ce contexte chez le patient ≥ 65 ans, fumeur ou ayant fumé sur une longue durée, ou présentant d’autres facteurs de risque cardiovasculaire ou de tumeur maligne, qu’en l’absence d’alternatives thérapeutiques.
Trois spécialités orales sont agréées en France dans la DA (entre autres indications) : l’abrocitinib (Cibinqo, à partir de 12 ans), le baricitinib (Olumiant, à partir de 2 ans) et l’upadacitinib (Rinvoq LP, chez l’adulte). L’usage concomitant d’émollients, de dermocorticoïdes et de tacrolimus est possible. Ces médicaments d’exception sont soumis à prescription hospitalière annuelle de spécialiste (pour la dermatite atopique : dermatologie, médecin interne, allergologie), avec renouvellement par spécialiste.
Les iJAK ne doivent plus être utilisés, sauf en l’absence d’alternative thérapeutique, chez les 65 ans et plus, les fumeurs, en cas de facteurs de risque cardiovasculaire ou de tumeur maligne
Autres
L’alitrétinoïne (Alizem, Toctino) se lie aux récepteurs de l’acide rétinoïque et des rétinoïdes, d’où son effet anti-inflammatoire et anti-prolifératif. Elle est agréée en France per os dans le traitement de l’eczéma chronique sévère des mains chez l’adulte. Les recommandations de la SFD évoquent son usage chez l’adulte atteint d’une DA sévère prédominant sur les mains.
Photothérapie
La photothérapie peut être utilisée chez un patient ayant une DA modérée à sévère, résistante aux traitements topiques mais les connaissances sur sa sécurité dans ce contexte restent insuffisantes. Ce champ thérapeutique concerne peu le pharmacien.
Mesures environnementales
L’éviction de certains facteurs environnementaux contribue à prévenir les exacerbations de DA et/ou prolonge la durée des phases de rémission.
Acariens, pollens et allergènes d’animaux à fourrure
Les données concernant l’efficacité des techniques d'éviction des acariens restent controversées : usage de housses à matelas, filtration de l’air intérieur, aspiration très régulière des poussières, etc. L’éviction des phanères d’animaux à fourrure (poils de chat notamment) peut réduire les signes d’atopie en cas d’hypersensibilité à ces allergènes. D’une façon générale, il faut essayer de réduire le contact avec tous les allergènes aéroportés.
Transpiration et activités sportives
Chaleur et transpiration excessive sont des facteurs d'exacerbation du prurit. Une sudation excessive entraîne une occlusion relative des pores sudoripares, cause une inflammation locale avec prurit et facilite la pénétration d’allergènes à travers la barrière cutanée altérée. Il est évidemment impossible d’éviter complètement de transpirer. Après sudation excessive, la peau sera lavée dès que possible, avec application d’un émollient. L’activité sportive demeure importante pour la santé physique et mentale : il ne faut donc pas conseiller aux patients atteints de DA d’en éviter la pratique.
Tabac
Le tabagisme actif comme passif augmente la fréquence et la sévérité des phases processuelles de DA.
Vêtements
Le port à même la peau de vêtements occlusifs ou irritants, en laine ou en tissu synthétique, sera évité : préférer le coton ou la soie. Le linge sera lavé avec une lessive hypoallergénique.
Régime alimentaire
Sauf exception (allergie alimentaire), les régimes d’éviction n’ont pas d’intérêt dans la DA. Sans amélioration à un mois, le régime ne doit pas être poursuivi. Le rôle bénéfique ou non de l'allaitement dans la DA n'a jamais été démontré.
Questions sur ordonnance
Dr Philippe Orouge
Pédiatre
10 rue de la Paix
Saint O
Justine I. , onze mois
Locatop crème 0,1 % : 2 applications/j en couche fine sur les lésions le matin durant 10 jours
2 tubes
Glycérol/vaseline/paraffine tube 250 g : application après la toilette et le soir
2 tubes
QSP deux semaines
Plaques érythémateuses humides et prurigineuses sur les joues et les fesses : Justine présente les signes d’une première poussée de dermatite atopique, accompagnée d’un prurit intense qui l’empêche de dormir. Le traitement prescrit par le pédiatre devrait être rapidement efficace sur l’ensemble de la symptomatologie.
Quels sont les principes actifs ?
Locatop (désonide) est un dermocorticoïde d’activité modérée (classe III française). La crème, adaptée à la majeure partie des lésions peu xérodermiques, s’applique en couche fine sur les seules zones lésées.
L’usage d’un émollient (ici association glycérol + vaseline + paraffine) est indispensable dans la prise en charge d’une DA. Il s’applique généreusement, de préférence au sortir du bain, lorsque la peau est encore légèrement humide.
Y-a-t-il des insuffisances et des interactions ?
Non. Le pédiatre a donné des conseils pour ce traitement. La maman, surprise que le médecin n’ait rien prescrit pour calmer l’enfant, a été rassurée : le traitement topique (dermocorticoïde + émollient) réalisera une sédation rapide du prurit.
Et les posologies ?
Elles sont correctes. La zone traitée sera réduite au fur et à mesure que les lésions disparaîtront.
Le conseil du pharmacien
La peau lésée est nettoyée avec soin pour prévenir une surinfection bactérienne (impétigo) : le pharmacien conseille un syndet formulé pour peau atopique. Il ne faut jamais appliquer de dermocorticoïde sur une zone saine ni, sauf indication médicale, sur les paupières ; il est conseillé de l'appliquer avec un gant à usage unique, en touches espacées ensuite étalées jusqu'à complète absorption.
Une iatrogénie systémique est possible si le corticoïde est appliqué sur des zones étendues, s’il est très puissant (classe I) ou si les lésions sont occluses (risque d’occlusion spontanée chez un nourrisson, dans les plis cutanés ou sous les couches).
Justine sera lavée dans une eau tiède (28-30 °C), en environ 5 minutes ; des extraits d’avoine ou de la poudre d’avoine colloïdale peuvent être ajoutés au bain. La petite fille portera des vêtements amples, de préférence en coton, abondamment rincés après leur lavage avec une lessive hypoallergénique et sans phosphate. Proscrire les assouplissants.
Testez-vous
1. La DA affecte :
a) Entre 8 et 9 % des enfants de 6-7 ans ;
b) Entre 18 et 19 % des enfants de 6-7 ans ;
c) Environ 2 à 3 % des enfants de 6-7 ans.
2. Les anomalies génétiques associées à la DA portent notamment sur le gène codant :
a) La protéine p73 ;
b) La profilaggrine ;
c) Les aquaporines.
3. L’atopie :
a) Disparaît généralement vers l’âge de 5 ou 6 ans ;
b) Est conditionnée par une vulnérabilité génétique,
c) Est en partie héréditaire.
4. Le tacrolimus est fréquemment prescrit pour traiter une DA :
a) C’est un médicament d’exception ;
b) Selon la SFD, il n’est utilisé qu’en stratégie réactive ;
c) Il est préconisé dans le traitement de la DA des paupières.
5. Chez l’enfant atteint d’une DA, l’emploi d’un dermocorticoïde fait généralement indiquer une molécule d’activité :
a) Très forte (classe I) ;
b) Modérée (classe III) ;
c) Faible (classe IV).
Réponses : 1. a) ; 2. b) ; 3. a), b) et c) ; 4. a) et c) ; 5. b).
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