Le nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) a augmenté en 2024. Notamment en raison de l’amélioration de l’accès à l’IVG médicamenteuse hors établissement de santé. Mais aussi à cause d’une défiance vis-à-vis des contraceptifs hormonaux, alimentée par la désinformation sur les réseaux sociaux.
Le nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) a augmenté en 2024, confirmant la tendance amorcée en 2022 et 2023 après l’épidémie de Covid-19. L’an dernier, 7 000 femmes de plus qu’en 2023 ont eu recours à un avortement, soit une hausse de 3 %, portant le total à 251 270 avortements en France, selon une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). La hausse concerne plus particulièrement la tranche d’âge des 25 à 29 ans (29,8 IVG pour 1 000 femmes), alors qu’elle a baissé pour les plus jeunes (5,5 pour 1 000 femmes de moins de 20 ans).
Cette augmentation du nombre d’IVG est multifactorielle. Parmi les explications avancées, l’amélioration de l’accès à l’IVG en ville : sur 112 310 IVG en 2024, 45 % des avortements sont désormais effectués en cabinet libéral. Par ailleurs, les sages-femmes peuvent désormais réaliser les IVG, en plus des gynécologues et des médecins généralistes. En 2024, elles ont réalisé la moitié des interruptions en cabinet libéral, contre 22 % pour les médecins et 26 % pour les gynécologues. Au total, ce sont 1 442 sages-femmes qui ont effectué plus de 50 000 IVG. La part des IVG suite à une téléconsultation reste minime : près de 1 600 médicaments ont été remis directement à cet effet à des patientes en officine.
Enfin, 80 % des IVG sont réalisées par méthode médicamenteuse (mifépristone puis misoprostol) et 20 % par intervention instrumentale.
L’augmentation des IVG pourrait aussi s’expliquer par un moindre usage de moyens de contraception, notamment lors du premier rapport, comme l’indique l’enquête Contexte de la sexualité en France menée en 2023. Parmi les jeunes ayant commencé leur vie sexuelle entre 2019 et 2023, seulement 87,2 % des femmes et 92,3 % des hommes déclarent avoir utilisé un moyen de contraception lors de leur premier rapport. La faute à la désinformation sur les réseaux sociaux ? C’est en tout cas l’interrogation que porte la direction générale de la santé (DGS), à l’occasion de la Journée mondiale de la contraception, le 25 septembre. « Dans un environnement marqué par une circulation rapide et massive d’informations, la propagation de contenus non vérifiés — en particulier sur les réseaux sociaux — alimente une défiance à l’égard de certaines méthodes contraceptives, notamment hormonales, alerte l’instance. Cette défiance peut conduire à un renoncement à toute méthode ou à l’adoption de pratiques non efficaces, exposant à un risque accru de grossesses non désirées. »
La DGS appelle les professionnels de santé à rappeler que « les méthodes contraceptives disponibles en France ont fait la preuve de leur efficacité et que les méthodes médicamenteuses présentent un rapport bénéfice/risque favorable ».
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