Élections URPS pharmaciens 2021

Bretagne : l’exercice coordonné pour bannière

Par
Publié le 12/02/2021
Article réservé aux abonnés

Parmi les régions françaises, la Bretagne se distingue par le dynamisme dont elle fait preuve depuis plusieurs décennies, mais aussi par les importantes disparités que sa géographie lui impose et avec lesquelles elle doit composer pour assurer son développement. Les inégalités sont patentes entre, d’une part, le littoral et son proche arrière-pays qui impriment à toute la région des résultats économiques, scolaires et culturels enviables, et, d'autre part, le centre Bretagne. Les problèmes socio-économiques y sont plus courants alors qu’émergent plusieurs questions sanitaires, dont l'accès aux soins qui représente une difficulté croissante.
C'est sur cet héritage socio-économique de plus de cinq décennies qu’un réseau de 1 042 officines assoit sa dynamique et puise sa force d’innovation. Quel que soit le vote des pharmaciens, les futurs élus de l’URPS devraient peu modifier leurs objectifs pour la région, tant leurs prédécesseurs sont parvenus jusqu’à présent à rassembler la profession. L'écart des voix s'est resserré entre la FSPF et l'USPO, entre les élections de 2010 et celles de 2015, mais l'avance de la Fédération demeure. Conservera-t-elle sa suprématie au lendemain du 7 avril ?

urps
pharma

Luc Mougin

pharma

Noelle Davoust

Luc Mougin, tête de liste FSPF
Luc Mougin est un Auvergnat de Vichy, qui a fait ses études à Clermont-Ferrand (Puy de Dôme), mais il a épousé une Bretonne, dont il a eu quatre enfants. Après avoir travaillé dans l'industrie, puis dans la prestation de service, il a répondu à l'appel de la mer. Tout d’abord adjoint à Lanmeur, en Finistère nord, il est désormais titulaire associé depuis onze ans à Concarneau, en Finistère sud. Avec vue sur l'archipel de Glénan depuis son officine !
À 50 ans, il convient volontiers que sa place en tête de liste correspond à « une démarche vers les autres, en réponse au désengagement général dans le monde politique et syndical ». Élu lors de la mandature précédente comme titulaire, il est devenu président de l’URPS de Bretagne en décembre 2019, quand Joëlle Deguillaume, pharmacienne à Matignon (Côtes d'Armor), a souhaité se mettre un peu en retrait.
« L’enjeu actuel pour la profession est de capitaliser sur les actions mises en place par les officines dans la crise du Covid. Il y a toujours des solutions à trouver, et l'État a pu compter sur le maillage des officines. C'est pour nous un défi majeur d'être capables de reprendre les actions et les missions que l'État nous a confiées. Pharmacien est un métier en devenir, irremplaçable pour les patients », affirme celui qui est aussi co-vice-président de la FSPF 29 (Finistère).

Noëlle Davoust, tête de liste USPO
Noëlle Davoust a repris, en 1992, l'officine familiale à Rennes (Ille-et-Vilaine), dont elle est aujourd’hui co-titulaire avec son mari Philippe, lui aussi candidat à ces élections URPS. Elle se dit « brûlée par sa passion », son métier. À en risquer un burn-out : « on est tous fragiles, on peut tous casser », reconnaît la pharmacienne, sensibilisée à la santé des soignants.
Élue depuis dix ans à l'URPS, d'abord comme adhérente de la FSPF, puis de l'USPO quand celle-ci fut créée, cette officinale est aussi professeure associée à la faculté de Rennes, en charge des 2e à 6e années en filière officine.
L’un de ses objectifs est de faire connaître l’URPS auprès de ses confrères. « L'URPS est une intelligence collective et intersyndicale mal connue des pharmaciens. Nous construisons pourtant des projets qui s’inscrivent ensuite dans le champ conventionnel, comme Octave, un parcours de soins innovant, interprofessionnel, que nous avons développé avec les Pays de la Loire », expose la titulaire rennaise.
Pour la présidente de l'USPO Bretagne, « les médecins sont surchargés par « le chronique » et « la bobologie ». Il faut faire de la pharmacie « une gare de triage », qui oriente vers une prise en charge à l'officine, par le médecin, ou vers les urgences, tout en permettant aux pharmaciens de prendre en charge certains patients ». Avec une rémunération à la clé pour cette nouvelle mission.

Les listes des candidats
La liste FSPF
Luc Mougin, Emilie Fosseprez, Erwan Aubry, Eric Valeau, Guillaume Baudet, Hedwige Brault, Stéphanie Janvier, Nathalie Guillou, Franck Mere.

La liste USPO
Noëlle Davoust, Maryse Garenaux, Myriam Rehel, Danièle Couchouron, Ludivine Derenne, Valérie Bureau-Guldemann, Damien Puissant, Julie Turban, Philippe Davoust.

L’interprofessionnalité, ou comment embarquer toutes les URPS
La coordination est le leitmotiv qui anime l’URPS Pharmaciens, ou plutôt les URPS bretonnes, car l’ensemble des professionnels de santé est impliqué dans ces différentes initiatives. La « péninsularité » n'est sans doute pas étrangère à cela. Travailler ensemble, apparaît comme une évidence dans la région. Cette approche de l’interprofessionalité fait en tout cas l'unanimité chez les syndicats.
Les URPS se sont ainsi dotées d’un comité de pilotage, le « Copil-inter URPS », qui réunit les biologistes, les chirurgiens-dentistes, les infirmiers, les masseurs-kinés, les médecins, les orthophonistes, les pédicures, les pharmaciens et les sages-femmes. Sa vocation est de développer l'exercice pluridisciplinaire entre ces différents professionnels de santé libéraux. La première population ciblée par l’action de ce Copil a été les personnes âgées fragiles. Le projet « pathologies et vieillissement » vise à prévenir et à retarder la perte d’autonomie chez la personne âgée de 70 ans et plus, grâce à un repérage précoce.
Dans le sillage des URPS est également née l’association Géco Lib', dont l’objectif est d’améliorer la prise en charge des patients et les conditions d'exercice des professionnels libéraux par le développement de l'exercice coordonné. L'association réunit les dentistes, infirmiers, masseurs, médecins et pharmaciens. Géco Lib' a entraîné plusieurs déclinaisons : un club des CPTS, ou encore Géco Vax, qui a pour vocation d’augmenter la couverture vaccinale contre la grippe dans la région.
Enfin, toujours ancré dans l’esprit de la coordination, le projet Octave (Organisation chirurgie traitements âgé ville établissement) va plus loin encore, en associant les URPS des Pays de la Loire. Ce modèle d’organisation innovante dans le parcours coordonné ville – établissement de santé – ville a pour objet la sécurité et l’efficience de la prise en charge médicamenteuse des sujets âgés en amont et en aval d’une chirurgie programmée afin de prévenir les erreurs et effets indésirables.

Jacques Gravend

Source : Le Quotidien du Pharmacien