Un peu plus de six mois après sa signature, cet avenant ne convient déjà plus. Il faut dire qu’il avait d’emblée été rejeté pour insuffisances par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) qui avait refusé de le signer. Mais pour la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) qui l’a porté, parfois même dans l’adversité, ce texte ne fait plus l’affaire aujourd’hui. En tout cas sur un point. L’unique signataire de l’avenant ne cache pas sa déception. Le syndicat en attendait beaucoup pour sauver de la disparition ces officines situées en territoires fragiles, vouées à la précarité. Las, la FSPF, qui avait misé sur l’article 10 de l’avenant prévoyant une aide de 20 000 euros à ces pharmacies, doit se rendre à l’évidence. L’instruction des modalités d’application de ce dispositif laisse d’ores et déjà apparaître que la cible ne sera pas atteinte.
Selon les premiers repérages opérés par les ARS, seulement 10 % des pharmacies préalablement pressenties seraient éligibles, soit au bas mot 250, voire 200 (voir encadré ci-dessous). De quoi inciter le syndicat à demander à l’assurance-maladie un remaniement du texte conventionnel, excluant la notion de territoires fragiles qui, décidément, ne fait pas consensus. Pour accélérer sa mise en œuvre, le dossier de ces pharmacies en territoires fragiles pourrait s’affranchir de la voie législative, affirme le président de la FSPF, citant une proposition de Thomas Fatôme, directeur général de l’assurance-maladie. Il suffirait que le terme « territoires fragiles » soit ôté du texte conventionnel. Il n’est donc pas exclu qu’un avenant 2 vienne amender le texte signé par la FSPF en juin dernier.
Des trésoreries à la peine
L’assurance-maladie acceptera-t-elle de rouvrir des négociations dans les semaines à venir ? Rien n’est, à ce jour, acté. Mais l’USPO entend bien s’engouffrer dans cette brèche éventuelle et a adressé un courrier dans ce sens à Thomas Fatôme, le 17 janvier. De source syndicale, le directeur général de l’assurance-maladie n’a pas encore accusé. Interrogés par « Le Quotidien du pharmacien », ses services affirment que Thomas Fatôme réservera sa réponse aux représentants de la profession.
Il n’en reste pas moins que la situation presse. À deux titres. Pour la FSPF, l’avenir des pharmacies en territoires fragiles – 1 000 communes sont identifiées selon Philippe Besset- doit absolument être garanti. L’USPO voit plus large. Pour le syndicat, de nouvelles négociations avec l’assurance-maladie doivent être l’opportunité « d’avancer ensemble au redressement économique » du réseau officinal dans sa globalité. Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) réclame par conséquent l’ouverture d’un avenant 2 centrée sur l’économie officinale. « Il faut parer au plus urgent, les trésoreries n’ont jamais été aussi basses. Je reçois des alertes tous les jours, y compris de grosses pharmacies », s’alarme-t-il. Pour dépeindre cette situation alarmante, l’USPO cite la hausse modeste de la marge officinale en 2024 (0,93 % selon IQVIA) dans un contexte d’inflation à 2 %, les créances non recouvertes signalées par les grossistes-répartiteurs, le tribunal de Nanterre alertant sur les liquidations judiciaires et des cessations d’activité ou encore les statistiques diffusées récemment par GERS Data faisant état de 290 fermetures de pharmacies en 2024, soit une par jour ouvré.
L’impact de la convention médicale
L’USPO ne revient pas seulement sur les coups portés à l’économie officinale l’année dernière, comme la perte des produits de contraste qui a coûté au réseau plus de 40 millions d’euros de perte de marge brute. Le syndicat prédit également une nouvelle baisse des volumes, en lien avec la signature de la convention des médecins. Soit, à titre d’exemple, une réduction de 10 % des prescriptions d’antibiotiques et d’antalgiques de palier II et de 20 % des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). C’est sans compter le déremboursement annoncé des tests antigéniques qui représenterait une nouvelle perte de 75 millions d’euros. L’avenant 1 n’avait-il pas pour objectif d’anticiper ces coups de rabot en revalorisant les honoraires à hauteur de 10 centimes ?
Le compte n’y est pas, martèle Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, estimant que ces quelque 3 145 euros par an et par pharmacie, ne représenteront qu’une hausse de 0,9 % de la marge brute « loin de couvrir l’augmentation continue des charges subies depuis trois ans ». Le président de l’USPO tacle également au passage l’avenant 1 qui n’a pas prévu la revalorisation de la vaccination contre la grippe et le Covid. Hormis ces divers assauts contre l’économie officinale, il faudra compter avec des baisses de prix en continu. Outre les dernières en date, intervenues en tout début d’année, le réseau devrait, selon les prévisions du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, subir une nouvelle érosion des prix de l’ordre d’un milliard d’euros pour le médicament et de 200 millions d’euros pour les dispositifs médicaux. Ce dernier volet inquiète plus particulièrement Guillaume Racle, élu du bureau de l’USPO, car il s’agira de perte sèche sur la marge, aucun honoraire n’étant lié à la dispensation de DM. Dans ces conditions, à quels leviers pourraient recourir les négociateurs d’un hypothétique avenant 2 pour contrer les décisions du législateur ?
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