Une bonne nouvelle. Mais en trompe-l’œil. Au premier semestre, selon les données du réseau CGP, le chiffre d’affaires officinal, comparé à la même période de 2024, a bondi de 4,68 % à près de 1,3 million d’euros. Cette croissance est essentiellement portée par le médicament remboursé (TVA 2,1 %) dont les ventes enregistrent une hausse de 5,73 % et constituent 66,57 % du chiffre d’affaires global.
Les 4 336 euros de marge supplémentaire engrangés au cours des six premiers mois 2025 ne suffisent pas à compenser la hausse des charges de personnels.
Cependant, deux sources d’inquiétude apparaissent, les volumes refluent impliquant un recul de 1,10 % des honoraires de dispensation et, surtout, hors médicaments chers, la croissance des ventes de médicaments n’atteint plus que 3,07 % au cours des six premiers mois de l’année. De fait, les médicaments dont le prix excède 150 euros, mais proportionnellement peu générateurs de marge, connaissent une croissance de 9 % de leurs ventes, à 372 281 euros. Ceux d’un prix supérieur à 1930 euros voient leur chiffre d’affaires augmenter de 0,66 % à 162 577 euros.
Nouveau tassement de l’EBE
Dans ce contexte, la marge brute globale peine à s’élever. En hausse de 1,20 %, elle n’atteint plus que 28,11 % du chiffre d’affaires total, soit 365 310 euros en valeur, contre 29,07 %, il y a encore un an. Ces 4 336 euros supplémentaires engrangés au cours des six premiers mois ne suffisent pas à compenser la hausse de 4 841 euros des charges de personnels. Celles-ci représentent aujourd’hui 38,26 % de la marge brute globale contre 37,38 % au premier semestre 2024.
Activité en hausse mais résultat sous pression : ce paradoxe observé à la lecture de ces chiffres, également dénommé « effet ciseaux », a été également souligné par les experts-comptables à la lecture bilan de l’année 2024. Selon les réseaux, l’année dernière, l’activité a augmenté entre 4,40 % (Rydge) et 7,80 % (Fiducial) pour atteindre un chiffre d’affaires compris entre 2,11 millions d’euros (Rydge) et 2,51 millions d’euros (CGP). Pendant ce temps, la marge en valeur n’a évolué que de 5,70 points dans le réseau suivi par Fiducial et de 1,17 point chez celui de CGP. Elle régresse même de 1,10 % au sein des pharmacies suivies par Rydge.
Rien d’étonnant dans ces conditions que, sous la pression des charges externes en hausse de 4,7 % (moyenne des trois réseaux) et des charges de personnels – 5,6 % (CGP), 4,9 % (Rydge) et 3,6 % (Fiducial) - l’EBE soit en berne. Il n’atteint que 279 000 euros, soit le niveau de 2021, chez Fiducial, perd 20 000 euros en un an à 242 000 euros chez Rydge et se hisse péniblement à 297 000 euros, au-dessus du niveau de 2019, chez CGP.
Ce tassement de l’EBE devra être pris en compte dans les débats qui présideront la révision des remises génériques. Pour l’heure, depuis l’annonce du Premier ministre le 24 septembre, l’économie officinale bénéficie d’un statu quo de trois mois. Ce sursis ne fera cependant pas oublier, à nombre de pharmacies, la menace du fameux « effet ciseaux ».
Retrouvez l'intégralité du compte rendu de la "Journée de l'économie de l'officine" dans notre édition du 9 octobre.
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