Et si l’on installait des distributeurs automatiques de médicaments au sein des cabinets médicaux pour que les patients récupèrent leur traitement sans avoir à se déplacer jusqu’à une pharmacie physique ? Ce concept sera bientôt une réalité aux États-Unis, avec le lancement prochain d’Amazon Pharmacy kiosks.
Il a l’apparence des automates qui permettent d’acheter un ticket de métro, mais les produits qu’il délivre sont bel et bien des médicaments. Le kiosque d’Amazon Pharmacy sera déployé à partir du mois de décembre à Los Angeles et ses environs dans plusieurs cabinets One Medical, des centres de soins primaires accessibles par abonnement rachetés par… Amazon en 2023. Ces bornes électroniques permettront aux patients de récupérer leur traitement directement à la sortie du rendez-vous médical. Ils pourront notamment y retrouver des antibiotiques, des inhalateurs, des antihypertenseurs et, à certaines périodes de l’année, des traitements contre la grippe ou les allergies, rapporte « CBS News ». « Une fois que le prescripteur a rédigé l’ordonnance, les patients peuvent la faire envoyer directement sur Amazon Pharmacy (le site de vente en ligne de médicaments d’Amazon) », précise la multinationale. Le traitement est ensuite disponible dans ce distributeur « en seulement quelques minutes et sans avoir à se déplacer jusqu’à la pharmacie ». Pour avoir accès à ce service, le patient doit simplement ouvrir un compte Amazon Pharmacy. Il pourra payer directement sur l’application puis choisir le retrait en borne. Pour récupérer sa commande, l’utilisateur devra ensuite scanner un QR code au niveau du kiosque. Que l’on se rassure, Amazon précise qu’un pharmacien employé par l’entreprise vérifiera que la prescription est conforme avant qu’elle ne soit placée dans le distributeur. Un téléphone intégré au kiosque permet même de contacter directement un officinal en cas de besoin. Le pharmacien pourra ainsi conseiller le patient au téléphone ou par visio.
Le géant du e-commerce, dont les ambitions dans le secteur de la santé dépassent les frontières de son pays d’origine, justifie cette innovation par deux raisons. Aux États-Unis, « un tiers des prescriptions ne sont pas honorées » et, pour les maladies chroniques, les patients ne suivent pas correctement leur traitement dans la moitié des cas. « Nous savons que les patients doivent faire un déplacement supplémentaire jusqu’à une pharmacie après avoir vu leur médecin et de nombreuses prescriptions ne sont donc jamais suivies, explique une représentante d’Amazon Pharmacy. En amenant la pharmacie directement au centre de soins, nous supprimons un obstacle crucial et aidons les patients à commencer leur traitement quand cela est le plus important, c’est-à-dire immédiatement », souligne-t-elle.
Amazon Pharmacy, qui compte déjà mettre en place ces kiosques ailleurs dans le pays, insiste sur le rôle que ces dispositifs peuvent jouer dans la lutte contre les déserts médicaux, problème qui existe également de l’autre côté de l’Atlantique. « Un quartier sur quatre est considéré comme étant dans un désert pharmaceutique, ce qui laisse des millions de personnes sans un accès rapide à leurs médicaments, précise Amazon. Même lorsqu’une pharmacie est proche, le trajet à effectuer depuis le cabinet médical crée des retards et de la frustration. » L’entreprise fondée par Jeff Bezos dénonce aussi le manque d’efficacité des pharmacies physiques. « Seulement 51 % des patients estiment que leurs prescriptions ont été rapidement traitées en pharmacie », affirme Amazon, citant une étude de JD Power. Une enquête qui montre d’ailleurs à quel point les pharmacies physiques perdent du terrain aux États-Unis par rapport aux officines virtuelles.
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