Questions sur ordonnance

Mme Théa P., 57 ans, 61 kg

Publié le 04/06/2012
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Ayant longtemps vécu en Égypte, Mme P. a été fortement exposée au soleil. Il y a sept semaines, elle s’est aperçue qu’un « grain de beauté », situé sur son dos, la démangeait un peu et saignait légèrement. Elle a immédiatement consulté un dermatologue et a été opérée. Il s’agissait d’un mélanome. La largeur de la tumeur était de 1,65 mm. Il n’y avait pas d’envahissement ganglionnaire. La primo-prescription a été réalisée une semaine plus tard, pour un mois, par l’oncologue qui la suit à l’hôpital ; le renouvellement est fait par le généraliste pendant un an avant nouvelle prescription de spécialiste. Mme P. se plaint d’une grande fatigue et de la sensation d’être grippée depuis que le traitement a commencé.

Quel principe actif ?

Administré en monothérapie, l’interféron alpha, un immunomodulateur, augmente la durée de la survie sans récidive. Il s’agit d’un traitement exposant à de nombreux effets iatrogènes. En particulier, il peut induire l’apparition ou la décompensation d’un état dépressif et expose à un syndrome « pseudo-grippal » éprouvant.

Y a t-il des insuffisances et des interactions ?

Non.

Et les posologies ?

Elles sont correctes.

Votre conseil

– Rappeler que Roféron doit suivre une rigoureuse chaîne du froid (conservation entre 2 et 8 °C).

– Il est normal de ressentir une grande fatigue sous interféron : celle-ci augmente même avec la durée du traitement. Fièvre, frissons, douleurs musculaires ou articulaires constituent un syndrome « pseudo-grippal » caractéristique sous interféron.

– De la même façon, on peut observer des troubles digestifs, hépatiques, thyroïdiens et un amaigrissement. Dans le cas de cette patiente, l’absence d’envahissement ganglionnaire permet de n’administrer qu’une faible dose d’interféron (3 M UI), mieux tolérée. La survenue d’effets indésirables sévères peut faire revoir la posologie d’interféron à la baisse (1,5 M UI/injection).

– Le pharmacien conseille à Madame P. de prendre du paracétamol dont elle hésite à faire un usage trop régulier : le plan de prise habituel ici est de 1 g environ une demi-heure avant l’injection d’interféron, puis 1 g 2 heures après. Une dose de 2 à 3 g/j peut être répartie sur le nycthémère les autres jours, sans excéder 4 g/j. Madame P. achète donc deux boîtes de Dafalgan 1 g, en attendant de revoir le médecin afin d’avoir une ordonnance pour cet antipyrétique.


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2927