Un doublement d’ici à 2020 chez les moins de 5 ans

Alerte dans le diabète de type 1

Publié le 18/07/2009
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L’étude EURODIAB menée

dans 17 pays européens

a analysé les données

épidémiologiques du diabète

de type 1 chez les enfants.

Le nombre de nouveaux cas

devrait doubler d’ici

à 2020 chez les petits

de moins de 5 ans.

Globalement, la prévalence

chez les enfants

de moins de 15 ans serait

augmentée de 70 %.

ALORS QUE LES ENFANTS

obèses sont de plus en plus nombreux

dans les cours de récréation,

les pédiatres s’inquiètent

depuis quelques années de

l’émergence du diabète de type 2.

Si ce phénomène relativement

nouveau a de quoi faire réagir, il

ne faut pas en oublier pour autant

que le diabète de type 1 reste la

forme de la maladie la plus répandue

chez les enfants. Et le restera

à l’avenir. À tel point que

chez les moins de 15 ans, la prévalence

devrait être augmentée

de 70 % d’ici à 2020. Mais plus surprenant

encore, ce sont les petits

de moins de 5 ans qui seront le

plus touchés par la progression

de la maladie : l’incidence

devrait doubler en 2 020 par rapport

à celle de 2005. Tels sont les

résultats d’une étude européenne

dirigée par le Dr Christopher

Patterson, médecin de santé publique

à Belfast.

Pour son travail, l’équipe de

l’épidémiologiste anglais a analysé

les données issues de l’étude

EURODIAB couvrant une période

de quinze ans allant de 1989

à 2003. Avec le projet international

DIAMOND, cette étude européenne

est en effet la source de

données la plus solide sur ce sujet

épidémiologique grâce à un recueil

standardisé. Les registres de

20 centres dans 17 pays européens

ont été ainsi épluchés :

pays scandinaves (Danemark,

Finlande, Norvège, Suède) et

Royaume-Uni, région occidentale

(Espagne, Luxembourg, Belgique,

Allemagne), région d’Europe centrale

(Tchéquie, Autriche, Slovénie)

et la région des pays de l’Est

(Lituanie, Pologne, Slovaquie,

Hongrie, Roumanie). Pour les différentes

analyses statistiques,

les épidémiologistes ont utilisé la

méthode dite de régression de

Poisson puis ont effectué des calculs

par extrapolation pour établir

leurs prévisions.

La tendance annoncée par les

projections antérieures se trouve

ainsi confirmée. Alors que la prévalence

du diabète de type 1 était

de 94 000 en 2005 chez les moins

de 15 ans, il est prévu que le chiffre

atteigne 160 000 en 2015.

Quant au nombre de nouveaux

cas, il devrait passer de 15 000 en

2005 à 24 400 en 2020. Il apparaît

que cette augmentation d’incidence

touche surtout les petits

avec un doublement de cas pour

les moins de 5 ans. La distribution

entre les tranches d’âge semble

ainsi devenir plus uniforme.

Pour les 0-4 ans, les 5-9 ans et

les 10-14 ans, la distribution des

nouveaux cas était en effet répartie

respectivement entre 24, 35 et

41 % en 2005, tandis qu’elle passe

en 2020 à 29, 37 et 34 %, avec un

excès pour la tranche des moins

de 5 ans et plus marqué chez les

filles. À l’analyse par pays, il apparaît

que la progression est commune

aux pays à forte incidence

(pays scandinaves, Royaume-

Uni) et à ceux à moindre risque

(Autriche, Lituanie, Pologne). De

récentes données américaines

vont dans le même sens.

Mode de vie, taille et poids,

césariennes. La question que

tout le monde se pose : comment

expliquer ce phénomène ? Il

n’existe malheureusement pas

encore de réponse claire. Il ne

semble pas très plausible que

cette prévalence en hausse ne

soit attribuable qu’à des modifications

d’ordre génétique. Les auteurs

suggèrent ainsi comme hypothèses

le mode de vie moderne,

l’augmentation en taille et en

poids, les accouchements par

césarienne, ainsi que la réduction

du nombre d’infections en bas

âge. La consommation de masse

domestique a été incriminée, ce

qui expliquerait que la plus forte

augmentation d’incidence est

constatée dans les pays d’Europe

de l’Est en croissance. Le fait que

de plus en plus d’enfants jeunes

soient atteints doit faire renforcer

la vigilance des médecins. À court

terme, le diabète est en effet d’expression

plus grave avec une acidocétose

marquée nécessitant

l’hospitalisation. À plus long ter -

me, il sera crucial de minimiser le

plus possible le risque de complications

micro- et macrovasculaires

par un équilibre glycémique

optimal. Face à la progression

des diabètes de type 1 et 2 chez

les enfants, la pédiatrie de demain

devra prendre un virage et

adapter sa pratique à ces nouvelles

donnes.

› Dr IRÈNE DROGOU

The Lancet, édition en ligne du 28 mai 2009.


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2669