Un bébé souffrant d'une maladie rare et incurable a bénéficié, pour la première fois au monde, d'une thérapie génique qui a permis d’utiliser des ciseaux moléculaires (Crispr) in vivo, a annoncé une équipe médicale américaine. Leur prouesse a fait l’objet d’une publication dans le « New England Journal of Medicine ».
K.J. Muldoon, aujourd'hui âgé de 10 mois, a été diagnostiqué peu après sa naissance d’un déficit en carbamoyl-phosphate synthétase, une maladie métabolique ultra-rare (1 pour 1 300 000 enfants). Elle est due aux mutations d'un gène codant pour une enzyme clé du fonctionnement du foie, ce qui empêche les malades d'évacuer certains déchets toxiques produits par leur métabolisme. Elle est mortelle dans 50 % des cas et le seul traitement à ce jour est la greffe de foie.
Face à ce grave diagnostic, l'équipe médicale a proposé aux parents de K.J. de tenter l’inédit : un traitement personnalisé reposant sur l'emploi de ciseaux moléculaires (Crispr) injecté à l’enfant. Cette technologie révolutionnaire est déjà utilisée avec succès dans la drépanocytose, la bêta-thalassémie et l’angioedème héréditaire (hémoglobinopathies), mais les cellules sont modifiées par Crispr ex vivo avant d’être réinjectées. Le médicament en question est Casgevy, qui a pour principe actif des cellules souches prélevées dans le sang du patient et génétiquement modifiées avant d’être réinjectées. Il a obtenu des autorisations de mise sur les marchés en Europe et aux États-Unis.
Mais cette fois-ci, les cellules sont modifiées par les ciseaux moléculaires in vivo, et non plus ex vivo. « Nous avons réussi à pénétrer dans le génome de ce petit enfant très malade et à réécrire la seule erreur de son matériel génétique », avance l’équipe médicale.
En pratique, les chercheurs ont conçu et fabriqué une thérapie génique spécifique à K.J. (des ciseaux moléculaires) via une plateforme d’édition génomique. Cette thérapie, véhiculée dans des nanoparticules lipidiques, a ensuite été administrée à l’enfant. Une fois dans le foie, les ciseaux microscopiques contenus dans la solution ont pénétré dans le noyau des cellules pour modifier le gène défectueux.
K.J. a reçu la première dose de sa thérapie expérimentale en février 2025, à l'âge de sept mois, puis deux autres en mars et avril 2025. À ce jour, le nourrisson n’a pas souffert d’effets indésirables graves, tolère une alimentation plus riche en protéines et a besoin de moins de médicaments, « signes de l’efficacité de la thérapie », se félicitent les médecins. « Un suivi plus long est encore nécessaire pour évaluer pleinement les bénéfices. Mais même si K.J. doit être surveillé de près jusqu'à la fin de sa vie, nos premiers résultats sont très prometteurs. »
Les chercheurs espèrent que cette prouesse permettra à l'enfant de vivre avec très peu de médicaments, voire aucun. Mais aussi, qu’elle sera le début d’une longue série. « Notre modèle de personnalisation de thérapie génique utilisant les ciseaux moléculaires permettrait de traiter plus de 90 % des variants pathogènes dans les maladies génétiques qui, bien que rares individuellement, affectent collectivement des centaines de millions de personnes dans le monde », estiment-ils.
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