Dans la recherche, il faut parfois accepter de se salir les mains. Ce technicien de laboratoire canadien l’a bien compris et c’est directement dans la terre de son jardin qu’il est allé chercher des échantillons. Heureuse surprise, après plusieurs mois de travaux, il semblerait que les scientifiques de l’Institute for Infectious Diseases Research de l’Université Mc Master dans l’Ontario (Canada) aient trouvé dans ces échantillons une molécule disposant d’importantes capacités antibiotiques. Les résultats de ces travaux ont été publiés le 26 mars dans la revue « Nature ».
Les premiers résultats obtenus sur des modèles murins ont montré une puissante activité in vivo
Une activité antibactérienne contre un large spectre de pathogènes
Les Canadiens rapportent avoir mis en culture durant plusieurs mois cet échantillon de sol, pour permettre aux bactéries à croissance très lente de se développer. Ils ont par la suite obtenu à partir des milieux un extrait hétérogène renfermant de nombreux éléments, qu’ils ont testés sur des pathogènes. Résultat, une molécule en particulier, s’est révélée très puissante pour bloquer la croissance de bactéries. La lariocidine, un peptide lasso, a montré une activité antibactérienne contre « un large spectre de bactéries pathogènes ».
Les peptides lasso sont un type d’arme chimique produit par des bactéries, en l’occurrence par Paenibacillus sp. M2, pour attaquer leurs concurrentes et ainsi faciliter leur propre accès aux ressources du milieu dans lequel elles évoluent. Ces molécules, dont la conformation dans l’espace est exactement celle décrite par leur nom, disposent de la capacité de réduire l’activité des ribosomes bactériens en se fixant sur ces derniers. Les protéines ainsi produites par l’organite sont incomplètes ou mal repliées et donc non fonctionnelles, conduisant les bactéries à leur mort.
Par ailleurs, le mode d’action de la lariocidine était jusqu’à aujourd’hui inconnu et, bien que les chercheurs restent prudents quant à la transposition de leur étude en vie réelle, les premiers résultats obtenus sur des modèles murins ont montré une « puissante activité in vivo. » La molécule, dont la conformation lui offre une grande stabilité, se fixe sur une sous-partie du ribosome codée par plusieurs gènes identiques présents dans le génome de la bactérie. Ce mode d’action lui confère, en outre, « une faible propension à générer spontanément de l’antibiorésistance », peut-on lire dans l’étude. Une compétence tout à fait bienvenue, dans un contexte où, rappelons-le, les niveaux d’antibiorésistance augmentent dans le monde entier, à tel point que l’OMS la considère comme une « menace existentielle » pour l’humanité. Selon une étude de 2016 du gouvernement britannique, le nombre de décès associés à l’antibiorésistance pourrait grimper à 10 millions annuels en 2050 et ainsi la placer comme la principale cause de mortalité dans le monde. Un scénario catastrophe comparable à « un état de pandémie permanente ».
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