L’acétate d’ulipristal combiné au misoprostol serait efficace à 97 % pour interrompre une grossesse non désirée, jusqu’à neuf semaines d’aménorrhée, selon une étude américano-mexicaine publiée dans le « New England Journal of Medicine ».
L’acétate d’ulipristal, principe actif de la contraception d’urgence EllaOne, pourrait devenir une alternative à la mifépristone, dans le cadre d’un avortement par méthode médicamenteuse, jusqu’à 9 semaines d’aménorrhée. Une étude publiée dans le « New England Journal of Medicine » (NEJM), menée par des chercheurs américains et mexicains, a testé l’efficacité d’une combinaison de 60 mg d’ulipristal suivi d’une prise de 800 µg de misoprostol, 24 heures plus tard. Résultats : un taux de succès de l’IVG de 97 %, sans effets secondaires graves, avec un niveau de douleur acceptable pour 85 %, ouvrant la porte à un nouveau protocole abortif.
Le protocole actuellement le plus répandu dans le monde consiste en une prise successive de 600 mg de mifépristone par voie orale - pour entraver le développement embryonnaire et entraîner le détachement puis l'élimination de la muqueuse utérine -, suivie 24 à 48 heures plus tard de 400 à 800 µg de misoprostol, pour déclencher les contractions. Mais « la mifépristone est un médicament relativement cher, dont l’accessibilité est limitée dans de nombreux pays », indique l’auteur principal de l’étude, le Dr Beverly Vinicoles, présidente de Gynuity Health Project, une organisation de recherche sur la santé reproductive. Elle pourrait donc être remplacée dans l’indication IVG par l’acétate d’ulipristal, un autre antagoniste des récepteurs à la progestérone, qui lui, est accessible dans 74 pays sous la forme de comprimés de 30 mg pour la contraception d’urgence. « Les deux molécules ont des structures chimiques similaires, précise l’étude : elles sont rapidement absorbées par voie orale, ont des demi-vies relativement longues (24 à 48 heures pour la mifépristone ; 32 heures pour l’ulipristal), et une concentration plasmatique maximale similaire (1 à 2 heures pour la mifépristone ; 45 minutes à 3 heures pour l’ulipristal). »
Dans le détail, l’étude a été conduite à Mexico, par Gynuity Health Project et l’université nationale autonome de Mexico, auprès de femmes enceintes de moins de 9 semaines et ayant un indice de masse corporelle (IMC) inférieur ou égal à 32. Le protocole 60 mg d’ulipristal oral + 800 µg de misoprostol a été testé auprès de 133 femmes. Rappelons qu’en France, cette dose de 800 µg est recommandée entre la 7e et la 9e semaine d’aménorrhée, contre 400 µg de misoprostol avant la 7e semaine. Dans l’étude, le taux d’interruption de grossesse, sans qu’aucune autre procédure ne soit nécessaire, a atteint 97%. 3 % des patientes ont été prises en charge cliniquement, soit une fréquence habituellement retrouvée avec le misoprostol. Les effets secondaires, attribués au misoprostol, ont été les mêmes que ceux précédemment connus (frissons, diarrhées, nausées…).
Malgré certaines limites (un échantillon réduit, une population homogène), ces résultats sont prometteurs car l’acétate d’ulipristal est moins cher, dans un grand nombre de pays. Cependant, des essais cliniques randomisés sont nécessaires pour confirmer ces premières données.
Aux États-Unis, où certains État veulent interdire la mifépristone, cette découverte pourrait devenir un enjeu politique. Reste que le misoprostol demeure indispensable. Or Nordic Pharma, détenu par des capitaux américains, reste le seul producteur de Gymiso et Misoone, les deux spécialités de misoprostol vendues en France.
Article modifié le 28 janvier 2025
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