Le pharmacien, coordinateur des soins

Une nouvelle piste d’envol pour l’officine

Publié le 29/03/2016
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Détenant les clés de sa diversification et de son positionnement dans le parcours de soins (dont il sera notamment question lors du salon), le pharmacien reste encore trop souvent prisonnier de la réglementation et de l’organisation des soins.

La profession peine encore à faire reconnaître sa plus-value dans le parcours de soin. Ceci est d’autant plus paradoxal que les pharmaciens possèdent des outils appropriés, comme le dossier pharmaceutique (DP), pour sécuriser l’accompagnement du patient. Rarement mentionné par le législateur, le pharmacien est également peu sollicité par les autres professionnels de santé. « Sur les cent dossiers de coopération interprofessionnelle qui nous ont été déposés, deux d’entre eux seulement impliquaient les pharmaciens », constatait il y a un an, Jean-Luc Harrousseau, alors président la Haute autorité de santé (HAS).

La définition de nouvelles stratégies thérapeutiques pourrait changer la donne pour la profession qui passera alors par la case « premier recours pour les pathologies bénignes et automédication ». Cette piste est d’autant plus prometteuse que l’automédication connaît une nouvelle flambée. Ce marché qui affichait une hausse de 5,2 % en valeur en 2 015 ne subit pas moins « un manque cruel de stratégie et d’impulsion politique », comme le relève Pascal Brossard, président de l’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA). Raison de plus pour que le pharmacien rappelle son rôle pivot dans l’automédication, un relais de régulation pour le système de soins, permettant de dégager des économies importantes à la collectivité. 75 millions d’euros de coûts de consultations ont ainsi été évités pour le premier trimestre 2015.

Pharmaciens multicartes

Le pharmacien peut jouer son deuxième atout d’expert dans le maintien à domicile (MAD), un secteur dont il a été précurseur mais qui lui a été ravi depuis, par d’autres prestataires. 70 % des Français ignorent d’ailleurs aujourd’hui qu’il est possible de trouver du matériel médical dans les officines. Pour donner un nouveau souffle à cette activité, les initiatives se multiplient. En Alsace, l’URPS pharmaciens a lancé l’offensive avec une campagne de communication présentant au grand public les compétences des pharmaciens dans le domaine du MAD. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a de son côté, signé une charte avec le Syndicat national des prestataires-grossistes distributeurs d’oxygène et loueurs de matériel médical en pharmacie (SYNPOL) pour une meilleure concertation et un suivi plus coordonné du patient.

Enfin, dernière piste de réflexion, un possible positionnement dans l’hospitalisation à domicile (HAD). Un domaine dont sont absents pour l’heure, les pharmaciens mais qui demeure sous exploité par l’ensemble des professionnels de santé, selon un rapport de la Cour des comptes. Aujourd’hui, 18,5 patients pour 100 000 habitants sont concernés par la HAD, soit moins de 50 % de l’objectif fixé par les pouvoirs publics pour 2018. Reste à définir le rôle du pharmacien dans cette nouvelle approche du patient.

Marie Bonte

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3252