La proportion de femmes de plus de 45 ans traitées contre les effets de la ménopause avec un traitement hormonal est encore plus basse qu’estimée : 2,5 %. La mission parlementaire sur la ménopause, menée par la députée Stéphanie Rist, a révélé ce chiffre aujourd’hui, en remettant son rapport au gouvernement. Les statistiques qu’il contient émanent d’une analyse inédite de l’IGAS.
Seules 2,5 % des femmes de 45 ans et plus ont suivi un traitement hormonal de la ménopause (THM) en 2024. Un chiffre encore plus bas que l’estimation d’environ 6 %, issue d’études de cohortes, qui faisait référence jusque-là en France. Cette moyenne de 2,5 % ressort d’une analyse de statistiques inédites, menée par le pôle data de l’IGAS sur les demandes de remboursement des THM pour l’ensemble des 17,3 millions de femmes de plus de 45 ans en France entière (119 références de médicaments, dits codes CIP). « Un chiffre abyssal lorsqu’il est comparé aux 20 à 25 % des femmes qui présentent des troubles sévères de la ménopause », a estimé Stéphanie Rist, médecin rhumatologue et députée du Loiret, en présentant le rapport de la mission parlementaire qu’elle a menée sur « La ménopause en France ».
L’analyse des fortes disparités par département permet d’avancer des pistes d’explication. Ainsi le THM est plus répandu à Paris et dans l’Ouest parisien, dans le Bas-Rhin et dans les Alpes-Maritimes, tandis que d’autres départements sont proches de 0. Davantage de femmes ménopausées sont prises en charge dans les départements les plus riches où elles peuvent avoir accès à l’information et aux professionnels de santé. « Il y a une corrélation notamment avec la présence de gynécologues médicaux dans ces territoires, qui sont les premiers à prescrire, suivis par les médecins généralistes », explique Stéphanie Rist. Les gynécologues médicaux sont, en effet, à l’origine de 57 % des primo-délivrances.
Des facteurs culturels avec la proximité de pays limitrophes peuvent également intervenir. « Cela peut peut-être expliquer un recours plus élevé au THM dans le Bas-Rhin et plus généralement dans le Grand Est, l’Allemagne connaissant un plus fort recours au THM », note le rapport. Enfin, l’IGAS a observé une corrélation positive entre le montant d’imposition moyen d’un département et le recours au THM. Les femmes qui bénéficient du traitement sont donc mieux informées, plus aisées, et ont accès aux gynécologues médicaux. Soit aux professions de santé les mieux formées sur le sujet des thérapies hormonales.
Le THM (prise d’œstrogènes plus prise de progestatif) reste, en effet, un sujet controversé. Parmi les témoignages qui remontent d’une enquête Solen menée auprès de 2 149 Françaises de plus de 18 ans, nombreuses sont celles tiraillées entre les avis divergents vus sur le web et les réseaux sociaux, et des professionnels de santé qui se positionnent en « sachant » tout en se référant à des études datées, telle que l’étude américaine de 2002 Women’s Health Initiative (WHI). Faute de prise en charge médicale, « elles sont trop souvent mal informées ou orientées vers des thérapeutiques très onéreuses et ne faisant l’objet d’aucune étude scientifique favorable », précise le rapport.
« D’ici deux ans, toutes les femmes de 45 ans et plus devraient être informées lors d’un long entretien, et prise en charge sur la base non pas d’opinions, mais de preuves scientifiques », insiste Stéphanie Rist. La Haute Autorité de santé a, en effet, été saisie pour établir des recommandations actualisées. « Il est fondamental que la HAS réalise des recommandations rapidement sur l’ensemble des « outils » disponibles (incluant également les compléments alimentaires ou les dispositifs médicaux). Les professionnels devront ensuite être formés et informés sur la base de ces nouvelles recommandations. » La mission parlementaire espère des recommandations d’ici la fin de 2025.
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