L’AFIPA s’oppose à l’interdiction de l’ANSM

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Publié le 01/03/2018
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Daphné Lecomte-Somaggio, déléguée générale de l’AFIPA*, déclare que la décision de l'ANSM fait perdre des chances de trouver des solutions intelligentes en faveur d'une automédication responsable.

Le Quotidien du pharmacien.- Quelle réaction les recommandations de l’ANSM vous inspirent-elles ?

Daphné Lecomte-Somaggio.- Nous avons décidé de ne pas en rester là et d'engager une action, dont la forme reste à déterminer, contre cette décision dont l’impact est tout à fait disproportionné. Certes il ne s’agit que de recommandations, mais dans les faits, il s’agit d’une interdiction des marques ombrelles. Y compris des marques ombrelles actuellement sur le marché. Car lorsque des modifications seront à apporter à nos dossiers, l’ANSM nous encouragera très fortement à nous conformer aux recommandations émises. D’ailleurs, certains laboratoires nous ont fait savoir qu’ils avaient déjà essuyé des refus. Ce qui prouve que les recommandations avaient été mises en œuvre, avant même leur publication.

Comprenez-vous les inquiétudes des pouvoirs publics et des pharmaciens quant aux risques de confusion que peuvent engendrer les marques ombrelles ?

Limiter les risques de confusion était au départ une idée positive que nous partagions avec l’Agence. Et nous avons fait des propositions dans ce sens. Mais en lieu et place de concertation et de recherche de solutions intelligentes, on nous a opposé une interdiction pure et simple. Nous aurions également pu imaginer que la dispensation des produits sous marque ombrelle soit inscrite au DP, ce qui aurait permis d’en assurer la traçabilité face à un patient qui, souvent, a oublié ce qu’il a pris. Cette alternative présente l’avantage d’améliorer l’automédication, à l’instar de ce qui fonctionne dans d’autres pays.

Quelles vont être les retombées de cette interdiction ?

Il est clair que cette décision va entraîner un énorme travail de marketing. Il va en effet falloir trouver une marque pour chaque molécule. Sans compter la nouvelle confusion que ces nouveaux noms vont entraîner auprès des patients et même des pharmaciens.

Il est encore impossible d’en chiffrer les retombées économiques mais je pense que les pharmaciens vont également se rendre compte de ces difficultés.

* Association française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable.

Propos recueillis par M.B.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3415