À LA FOIS médecin et pharmacien, Jacques Servier avait fondé son entreprise en 1954 en rachetant un petit laboratoire à Orléans, qui fabriquait un sirop contre la toux. Au fil des ans, il en a fait un groupe pharmaceutique majeur. « L’esprit, la motivation et la mission de cet homme exceptionnel, qui a consacré sa vie à la recherche de médicaments innovants, perdurent dans la priorité donnée à la recherche scientifique et dans les valeurs humaines », indique l’entreprise dans un communiqué. Ce fils d’industriel disait avoir succombé à « la magie du médicament », dans un livre intitulé « Le Médicament et la Vie ».
Sa disparition survient alors qu’un « grand procès du Mediator », visant tous les acteurs de l’affaire, est attendu de source judiciaire dans un an, au 1er semestre 2015. Il se tiendra donc sans lui. Ce médicament controversé a été utilisé pendant trente ans, d’abord contre l’excès de lipides dans le sang, puis comme traitement adjuvant chez les diabétiques en surpoids, avant d’être retiré du marché fin 2009. Il a en fait été largement prescrit pour maigrir.
Mais cet épisode tragique, sur lequel il appartient désormais à la justice de faire toute la lumière, ne doit pas faire oublier la réussite exceptionnelle de ce grand entrepreneur français. Avec un chiffre d’affaires de 4,2 milliards d’euros, Servier est devenu le deuxième laboratoire pharmaceutique français, derrière le géant Sanofi. Il emploie 21 000 salariés, dont un quart en France, et consacre 27 % de son chiffre d’affaires à la recherche et au développement. L’activité générique de sa filiale Biogaran assure 28 % du chiffre d’affaires.
Tout comme Pierre Fabre, mort en juillet dernier, Jacques Servier s’était soucié de son vivant de la pérennité de son entreprise. Dès les années 1980, il avait opté pour le régime de la fondation, sur les conseils notamment de Raymond Soubie et de Nicolas Sarkozy, alors avocat d’affaires. De droit néerlandais, cette fondation possède 100 % de l’ensemble du groupe pharmaceutique. Elle ne verse aucun dividende et réinvestit les bénéfices réalisés à la recherche. Le laboratoire produit actuellement des médicaments contre les maladies cardio-vasculaires, le diabète, les troubles neurologiques et rhumatologiques et les cancers. Des accords ont été passés avec plusieurs sociétés de biotechnologies pour fabriquer de nouveaux produits innovants. Son avenir semble donc assuré, malgré la perspective du procès.
Reste la question de la direction du groupe. En février dernier, le directeur financier, Olivier Laureau, s’est vu confier une mission de coordination du comité de direction, avec la responsabilité d’en assurer la présidence en cas d’absence de M. Servier. Il pourrait donc, logiquement, lui succéder.
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