Dans son rapport annuel, la Cour des comptes pointe du doigt les « pratiques industrielles défaillantes » du Laboratoire français de fractionnement et des biotechnologies (LFB), mais aussi sa stratégie de diversification dans les biotechnologies « trop ambitieuse ».
C'est dans son tome II, au chapitre III intitulé « La Cour alerte », que le rapport se penche sur le cas de « la filière du sang en France » dont elle estime le « modèle économique fragilisé ». Depuis 1993, cette filière est représentée par trois acteurs : l'Établissement français du sang (EFS), le Laboratoire français de fractionnement et des biotechnologies (LFB) et l'Institut national de la transfusion sanguine (INTS). La Cour des comptes pointe un « équilibre financier précaire en l'absence de gains d'efficience suffisants » de l'EFS et « des pratiques industrielles défaillantes et une stratégie de diversification trop ambitieuse » pour le LFB.
Après deux injonctions de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en 2017 et 2018, le LFB a dû ralentir le rythme de production pour appliquer les corrections demandées, entraînant une forte baisse du chiffre d'affaires. Pourtant, note la Cour des comptes, « le nombre de lots produits non certifiés par le service qualité interne du LFB ou non libérés par l’ANSM a fortement augmenté, entraînant une hausse des coûts » qui n'est pas étrangère à la perte de 152 millions d'euros en 2017, soit plus de 30 % du chiffre d'affaires du LFB. Par ailleurs, le rapport s'attarde sur « la responsabilité de l’État actionnaire dans les choix stratégiques et les défauts de gouvernance du LFB », notamment sur les 700 millions d'euros dépensés dans les biotechnologies depuis 2009, sans retour sur investissement à ce jour « malgré de nombreux produits en portefeuille ». Ce choix a conduit à retarder la nécessaire construction d'une nouvelle usine pour se substituer aux anciens équipements et augmenter les capacités de production, projet validé fin 2015 pour une ouverture en 2020 (lire notre article « abonné ») désormais décalée à 2024, dont les coûts ont été largement sous-estimés et dont le financement n'est plus assuré.
Les Sages de la rue Cambon plaident pour une ouverture du capital à des investisseurs minoritaires, afin d'assurer la construction de la nouvelle usine. Ils recommandent également au LFB de se dégager, partiellement ou totalement, de ses activités dans les biotechnologies pour se recentrer sur les médicaments dérivés du sang.
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