L’UFC-Que choisir révèle que 80 % des médicaments à base de paracétamol ou d’ibuprofène conservent 90 % de leur efficacité, même des décennies après leur date de péremption. L’association de consommateurs déplore un gaspillage massif.
Dans son numéro d’octobre, l’association de consommateurs UFC-Que choisir a publié les résultats d’une enquête portant sur l’efficacité de 30 médicaments (comprimés, gélules ou sachets) à base de paracétamol ou d’ibuprofène (Efferalgan, Doliprane, Paracétamol Mylan, Ibuprofène Sandoz…) périmés entre 1992 et 2024.
Son verdict ? « Dans 80 % des cas, les médicaments contiennent suffisamment de substance active pour être considérés comme efficaces. En outre, nos résultats suggèrent qu’il n’y a aucune relation entre l’année de péremption des médicaments et la quantité de substance active encore présente. Pour preuve : du paracétamol censé être périmé depuis 1992 présentait encore… 100 % de substance active ! », déclare l’UFC-Que choisir.
Seulement 3 échantillons de chaque groupe contenaient moins de 90 % de la quantité affichée de principe actif. Les pires résultats étant 84 % pour du paracétamol avec pour date de péremption, 2018, et 82 % pour de l’ibuprofène avec une date limite en 2022. Par ailleurs, « les conditions de conservations ne sont pas reliées au taux de substance active restante », observe l’association de consommateurs, qui ne se dit pas surprise de ces résultats, qu’elle juge toutefois inquiétants, au regard des conséquences économiques, environnementales et sanitaires liées au fait de jeter des médicaments considérés comme périmés, mais encore efficaces.
L’UFC-Que Choisir estime que « cette situation de gâchis est d’autant plus problématique qu’elle est loin de paraître inéluctable ». Elle critique les recommandations de l’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM), jugées trop restrictives (un médicament n’est plus considéré comme efficace si la concentration de sa substance active tombe en dessous de 95 % de celle indiquée sur l’emballage) et les dates de péremption décidées par les laboratoires, qui « correspondent davantage à un choix économique qu’à une réalité technique ».
Interrogé par « France Info » sur ce sujet, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset a défendu le système actuel, rappelant l’intérêt de Cyclamed. Mais il appelle l’ANSM à réagir « et dire si l'UFC-Que choisir a raison ou s'il y a un biais dans l'enquête ». Président du Leem, Thierry Hulot émet quant à lui un bémol : « Comme le mentionne l'article, au bout de 5 ans, il reste encore 80 % du principe actif et donc globalement, ça permettrait de soigner. Oui, mais il faut être sûr que les 20 % qui sont dégradés ne soient pas une impureté qui potentiellement serait cancérigène, etc. Si une date de péremption a été mise, ce n’est pas parce qu’obligatoirement tout le principe actif a disparu. On s’est aussi demandé si les produits de dégradation qui peuvent apparaître après un certain temps étaient compatibles avec la santé humaine. C’est là encore basé sur la preuve scientifique, mais nous sommes tout à fait partants pour avoir ce débat. »
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