Visibilité

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le rayon conseil des officines ne s'est jamais aussi bien porté qu'en cet hiver 2022-2023 (lire page 18). Consolidée par cette crise qui n'en finit pas et le retour massif des infections hivernales, l'activité conseil a aussi bénéficié du renfort des compléments alimentaires et autres dispositifs médicaux (lire page 22). Mais ce n'est pas tout. Car la saturation des cabinets médicaux jointe à la désertification médicale poussent de plus en plus les Français à se tourner vers l'officine. Pour leurs maux quotidiens, si le médecin généraliste reste le premier réflexe des patients, aller à la pharmacie arrive en seconde place, nous apprend en effet le premier « Bulletin de santé des Français » établi par NèreS (lire page 18). Autre enseignement de cette étude, 80 % des Français utilisent des médicaments sans ordonnance et des dispositifs médicaux de premier recours. Le pharmacien, acteur central de la prise en charge des maux quotidiens ? De fait, confirme au « Quotidien », Luc Besançon, délégué général de NèreS, « les officines reçoivent en moyenne 310 millions de visites par an exclusivement motivées par le premier recours. Soit environ 25 % de toutes les visites en pharmacie » (lire page 25). Et chacune de ces visites fait gagner 11 minutes de temps médical. Le rôle des officinaux devrait donc être promu, valorisé, facilité. Problème, le recours au pharmacien est d'autant plus invisible pour les pouvoirs publics, qu'il n'y a pas de données sur son intervention, explique en substance Luc Besançon. Bref, il y a urgence à rendre visible l'invisible, estime NèreS qui milite pour la création d’une Stratégie nationale de santé et de prévention de premier recours. « Notre objectif, résume son délégué général, est de rendre visibles ces 25 % de visites à l'officine afin de montrer le gain qu'elles représentent en temps médical et en économie pour la collectivité. »