Indicateurs colorés

Une photo pour ajuster vos traitements

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Publié le 16/06/2014
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L’AJUSTEMENT des traitements est parfois un véritable cauchemar pour les soignants. Médecins et pharmaciens sont en effet confrontés à cette nécessité qui consiste à surveiller, pour leurs patients, que la concentration toxique du médicament n’est jamais atteinte - primum non nocere -, tout en s’assurant que le seuil d’efficacité du principe actif est bien dépassé. Un intervalle bien connu des pharmacologues, appelé marge thérapeutique. Pour certaines molécules, celle-ci est si étroite, et les susceptibilités individuelles tellement diverses, que les ajustements après dosages sanguins sont presque quotidiens. Et c’est bien là le problème. Car, jusqu’à ce que les chercheurs de l’École polytechnique de Lausanne se penchent sur cette épineuse question, la seule possibilité d’ajustement thérapeutique passait par la mise en œuvre de personnels qualifiés et de méthodes de dosages sanguins coûteuses. Leur innovation, qui vient de faire l’objet d’une publication dans « Nature Chemical Biology », vise à dispenser les patients de passer au laboratoire pour mesurer la concentration sanguine de leur médicament. Pour cela, les chercheurs utilisent de nouvelles molécules bioluminescentes qui ont la particularité de changer de couleur. Sans avoir besoin d’aucun instrument de laboratoire et de la façon la plus simple du monde, les patients peuvent ainsi tester les concentrations de plusieurs immunosuppresseurs, un antiépileptique, un antiarythmique et un anticancéreux. En pratique, ils déposent une goutte de leur sang sur un papier-filtre imprégné de colorant, puis prennent une photo de la tache colorée. La couleur transmise au capteur numérique est ensuite traduite par un ordinateur en concentration. L’étape suivante de cette recherche sera bien sûr la mise au point d’un appareil portatif, du type glucomètre, qui permettra de mesurer la concentration sanguine de plusieurs médicaments, expliquent les scientifiques. Et voilà comment les progrès de la diabétologie pourraient un jour profiter à de nombreuses autres disciplines médicales.

D.D.

Source : Le quotidien du pharmacien: 3101