Conseils d’expert

Christian Camuzeaux

Publié le 17/09/2015

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Docteur en pharmacie*

LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. – Quels sont les prérequis pour exercer en tant que pharmacien responsable de la dispensation d’oxygène chez un prestataire ?

Christian Camuzeaux . – Seul un pharmacien diplômé relevant des sections A, D ou E peut exercer ce métier, l’oxygène médical bénéficiant d’une AMM depuis 1997. Dans les faits, c’est une fonction essentiellement remplie par des adjoints d’officine, en plus de leur exercice officinal, ou des pharmaciens employés exclusivement par un prestataire de service. Leur présence y est obligatoire 3 h 30 au minimum par semaine, une durée en passe d’être modifiée sous l’effet d’un arrêté paru le 22 juillet dernier et voué à réformer les bonnes pratiques de dispensation à domicile de l’oxygène à usage médical (BPDO). Aujourd’hui près de 350 pharmaciens sont impliqués dans ce type de traitement à domicile.

En quoi consiste leur travail ?

Ils sont responsables de l’approvisionnement, des commandes d’oxygène et de dispositifs médicaux associés à la dispensation (lunettes, masques…), du stockage, de la pharmacovigilance et de la matériovigilance liée à l’oxygène, mais ils doivent également assurer la formation des techniciens qui vont se rendre au domicile des patients. En effet, l’installation des appareils requiert certaines précautions (à éloigner des points d’ignition), de même que la manipulation des réservoirs contenant l’oxygène liquide (très basse température) et celle des bouteilles (gaz sous pression) nécessite des connaissances techniques. Ces pratiques doivent donc être expliquées et contrôlées. L’oxygène médical, peu dangereux si on respecte les consignes de sécurité, est tout de même la cause d’accidents mineurs tous les ans.

En cas de problème, la responsabilité du pharmacien peut-elle être engagée ?

Oui, et c’est bien pourquoi j’ai créé une formation sur l’oxygène, les bonnes pratiques de dispensation… Salarié du prestataire, le pharmacien a un statut de cadre dans une structure commerciale. Il reste pourtant un professionnel de santé dont la responsabilité implique la prise de décisions : peut-il refuser le choix d’une source d’oxygène prescrite mais non justifiée ? Doit-il visiter le patient quand la nouvelle version des BPDO ne l’y oblige plus ? À domicile, le pharmacien doit évaluer l’observance du patient (décompte du temps de marche sur l’appareil), apprécier son état (mesure possible par un oxymètre de la saturation du sang en O²), vérifier la compréhension du traitement par le patient, rappeler l’interdiction de fumer (dangereux et incompatible avec la dispensation d’oxygène), vérifier l’installation des appareils… Des contrôles nécessaires qui peuvent prendre 20 à 60 minutes et que l’on conseille d’effectuer dans les semaines qui suivent l’équipement du domicile, une fois par an ou autant que nécessaire.

* Expert en gaz médicaux auprès de l’ANSM, responsable du certificat oxygénothérapie à la faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques Lille II.

Propos recueillis par A.-S.P.