À Nice, le phénomène n'est pas isolé. À défaut de trouver des comprimés d'iodure de potassium dédiés à cet usage, des clients souhaitant se protéger contre un éventuel accident nucléaire font main basse sur des compléments alimentaires à base d'iode.
Parfait N'Draman Ako n'est pas un perdreau de l'année. Pharmacien adjoint dans une officine niçoise, le quinquagénaire exerce la pharmacie avec expérience et discernement. Et lorsqu'il constate que ses collègues ont mis en avant - tête de gondole - un complément alimentaire dont les ventes ont brusquement flambé, il tique. Les demandes du produit Unibiane Iode (Laboratoire Pileje) se multiplient en effet depuis quelques jours. D'où l'initiative de l'équipe. Interrogé par le « Quotidien », Parfait N'Draman Ako raconte : « Les gens avaient dû entendre parler de ce produit et pensaient qu'il pouvait remplacer les comprimés d'iodure de potassium destinés aux populations vivant à proximité des centrales nucléaires. » Le problème, c'est que si le complément alimentaire permet bien de renforcer les apports en iode (iode issu de l'algue alimentaire Laminaria Digitata), il n'a pas vocation à protéger en cas d'accident nucléaire. Le même type de demandes lui est rapporté dans les pharmacies voisines. « C'était comme une petite panique, style effet Tchernobyl, et en 2 ou 3 jours, plus de vingt boîtes d'Unibiane Iode avaient été vendues. » L'adjoint réalise donc très vite la méprise de sa clientèle et décide aussitôt de mettre fin à la promotion bien malvenue des produits, 200 fois moins dosés en iode que l’iodure de potassium d'État. « Nous n'allons pas faire ça, justifie-t-il au reste de l'équipe. Il faut expliquer aux clients que ce n'est pas de l'iodure de potassium. Que nous n'en avons pas, car il s'agit d'un stock d'État distribué dans un rayon de 20 km autour des centrales. » Encore secoué par l'incident, l'adjoint enfonce le clou : « Ces compléments ne servent à rien sauf à rassurer les gens. C'est de notre responsabilité de le leur expliquer. » Un message si bien passé que certains clients sont venus, quelques jours plus tard, rapporter les boîtes achetées au gardien des poisons…
Ça s’en va et ça revient (ou pas)
Glucagen Kit : une rupture brève
Traitement du diabète de type 2
Les analogues du GLP-1 augmenteraient le risque de fracture
Traitement de l’anémie
NeoRecormon : des tensions voire des ruptures de stock à prévoir
Bilan 2024
L’officine, toujours premier lieu de vente des compléments alimentaires