Quand consulter lors d’une plaie ?La gravité d’une plaie dépend de sa localisation, de son étendue, de sa profondeur. À l’officine, ne seront prises en charge que les plaies superficielles et sans signe de gravité.Une consultation s’impose en cas de plaie ouverte, profonde, étendue, localisée sur des endroits critiques comme le crâne, le thorax, l’abdomen, l’œil, le visage, le cou…, ou encore saignant abondamment…Étapes de la prise en charge d’une plaie- Arrêter le saignement s’il y a lieu ;- Nettoyer. Cette étape de détersion de la peau se réalise avec de l’eau et du savon, elle a notamment pour objectif d’éliminer les matières organiques et favoriser ainsi l’action de l’antiseptique utilisé ultérieurement.- Désinfecter. Lorsqu’une désinfection est nécessaire (elle n’est plus recommandée systématiquement), on appliquera un antiseptique, pendant 30 secondes au minimum. On veillera à ne pas mélanger ou ne pas employer successivement deux antiseptiques de gammes différentes.- Rincer et sécher.- Éventuellement resserrer les berges à l’aide de Strips.- Panser. Un pansement est utile pour maintenir la plaie propre, à condition de le changer régulièrement.- Contrôler les vaccinations. Les brûlures ou plaies sont l’occasion de s’assurer de la vaccination contre le tétanos. Si celle-ci n’est pas à jour, on orientera le patient vers une consultation médicale : si la plaie est mineure et propre, le médecin procédera à une administration d’une dose de vaccin contenant la valence tétanique ; si la plaie est majeure ou susceptible d’avoir été contaminée par des germes d’origine tellurique, il administrera en plus de ce vaccin une immunoglobuline tétanique humaine (pour plus d’informations, consulter le calendrier des vaccinations 2023).Conservation d’un antiseptiqueLes conditionnements monodoses s’éliminent immédiatement après l’emploi.Les durées de conservation après ouverture des conditionnements multidoses sont très variables et dépendent également de l’utilisation. Ainsi par exemple, l’Hexomédine transcutanée se conserve 15 jours si l'utilisation est faite dans des conditions hygiéniques (le produit est déposé sur une compresse stérile avant l'application sur la partie à traiter), et 5 jours maximum si la partie à traiter est plongée dans le flacon (bains locaux pour une affection de l'ongle).Ainsi on se référera toujours à la notice de chaque produit.Quelques recommandations dans des utilisations spécifiques d’antiseptiqueDe façon générale, sont utilisés notamment :- Sur peau saine, alcool, chlorhexidine alcoolique, povidone iodée alcoolique, dérivé chloré ;- Sur peau lésée nécessitant un antiseptique, chlorhexidine aqueuse, dérivé chloré, povidone iodée aqueuse ;- Sur plaie fermée, hexamidine (Hexomédine transcutanée est contre-indiqué sur plaie ouverte),- Sur plaie sale, un antiseptique moussant pour nettoyer la plaie.Lors de la désinfection du méat urinaire avant pose d’une sonde urinaire, le réseau CCLIN-ARLIN recommande la polyvidone iodée ou un dérivé chloré (pour rappel, la toilette quotidienne se fait ensuite avec du savon liquide).Avant une injection IV, IM ou SC (considérée comme un geste à niveau de risque infectieux bas sur peau saine), l’utilisation d’alcool à 70 % est la plus largement répandue.En cas de panaris, des bains antiseptiques pluriquotidiens sont recommandés.En revanche, il est intéressant de rappeler aussi quand l’utilisation d’antiseptique n’est pas systématique, par exemple :- Dans le traitement d’une plaie chronique infectée (« pas de preuve de l’intérêt de l’utilisation d’antiseptiques pour la cicatrisation d’une plaie chronique, infectée ou non », HAS 2019) ;- Dans l’impétigo (un traitement antibiotique est mis en place et il n’est pas recommandé d’appliquer des antiseptiques locaux en adjonction des soins de toilette au savon) ;- En cas de furoncle isolé non compliqué : l’hygiène quotidienne se fait à l’eau et au savon (en complément des autres recommandations : pas de manipulation du furoncle, incision de l’extrémité, pansement). Puis certains cas de furoncles (échec ou risque de complication) nécessiteront un traitement antibiotique. Celui-ci est complété par l’utilisation de douche antiseptique lors d’une poussée de furonculose (répétition de furoncles pendant plusieurs mois ou années) ;- Dans les soins du cordon : les pratiques de soins de cordon, avec ou sans antiseptique, restent un sujet de controverse. La SF2H et la Société française de néonatologie ont émis un avis en janvier 2023 dans lequel l’utilisation d’antiseptique n’est plus systématiquement recommandée dans les pays à haut niveau de revenus (naissances dans les maternités, conditions d’hygiène maîtrisées), à condition de respecter les bonnes pratiques d’hygiène au moment des soins du cordon et de consulter le jour même si le cordon sent mauvais, ou en présence de sécrétions purulentes, pus, rougeur autour du cordon, rougeur du ventre autour du cordon. En pratique, les protocoles sont encore hétérogènes à la sortie des maternités, probablement parce que de nombreux facteurs entrent en jeu (géographie, lieu et conditions d’accouchement, niveau d’hygiène, compréhension des parents, croyances…) ;- Pas d’application d’alcool lors de l’autosurveillance glycémique capillaire qui pourrait modifier le résultat (toilette au savon suffisante).Bains de bouche antiseptiquesDe nombreux bains de bouche à base de chlorhexidine sont commercialisés dans l’indication suivante : « Traitement d’appoint des infections buccales et des soins post-opératoires en stomatologie ». La chlorhexidine est adsorbée sur l’émail dentaire, la dentine, le cément, les muqueuses et les prothèses dentaires avec une désorption lente.D’autres bains de bouche à base de chlorhexidine sont également proposés en conseil pour son action contre la plaque dentaire : Gum Gingidex, Parogencyl soin intensif gencives… Attention toutefois à prévenir le patient du risque de coloration des dents/implants et d’altération de la perception du goût avec la chlorhexidine. Ces conséquences sont normalement réversibles et temporaires à condition de respecter un usage limité dans le temps (3 à 4 semaines en général).Conjonctivite et collyres antiseptiquesLors d’une conjonctivite infectieuse, le pharmacien peut être amené à conseiller un collyre antiseptique, après avoir exclu la nécessité d’une consultation médicale (douleur, nausées, céphalées, vision altérée, photophobie, projection dans l’œil, symptômes qui durent…). On s’assurera alors que le patient ne porte pas de lentilles de contact et on conseillera un lavage oculaire, suivi de l’application du collyre (en respectant un délai de 15 minutes entre les deux applications). On préférera des présentations monodoses.
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Publié le 06/10/2023
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Source : lequotidiendupharmacien.fr
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