Une étude menée contre placebo démontre pour la première fois le potentiel antalgique du cannabis. L’étude publiée dans la revue « Nature Medicine » rapporte que la dose administrée n'entraînerait ni « effet euphorisant », ni dépendance, ni effets secondaires graves.
C’est un nouvel espoir pour le demi-milliard de personnes souffrant de douleurs lombaires chroniques. Les résultats d’un essai clinique de phase 3 contrôlé par placebo évaluant le potentiel antalgique d’un extrait de cannabis ont été publiés lundi 29 septembre dans la revue « Nature Medicine ». Conclusion de l’étude : au bout de 12 semaines, ceux qui avaient pris l'extrait de cannabis ont affirmé avoir vu diminuer leur douleur de 1,9 point, contre 0,6 point pour le groupe placebo Cet effet s’inscrit de surcroît dans la durée, puisqu’après 6 mois, les participants ayant pris l'extrait ont déclaré que leur douleur avait diminué de 2,9 points supplémentaires. Une amélioration du sommeil, des aptitudes physiques et de la qualité de vie a aussi été rapportée par les patients. Les participants ont reçu une dose de VER-01, une variété de cannabis développée pour l’occasion contenant 2,5 milligrammes de THC, le principal ingrédient actif de la marijuana. L’extrait, issu de fleurs séchées se présente sous forme liquide huileuse. Une dose de VER-01 contient 2,5 milligrammes de THC, 0,01 mg de cannabigerol et 0,02 mg de cannabidiol avec de l’huile de sésame comme excipient. Plus de 800 personnes insuffisamment soulagées par les médicaments traditionnels ont été intégrées à l’étude.
Les scientifiques expliquent par ailleurs que la dose administrée n'entraînerait ni « effet euphorisant », ni dépendance, ni effets secondaires graves. Ceux qui ont été les plus fréquemment observés (des vertiges passagers, une somnolence, une sécheresse buccale et quelques nausées) se sont atténués avec le temps. Andrew Moore, chercheur spécialisé dans la douleur à l'université d'Oxford, sans lien avec ces travaux et aujourd'hui retraité, a déclaré à l'AFP que cette étude « formidable » était « la première à fournir des preuves de bonne qualité démontrant qu'un composant du cannabis peut être utile pour soulager la douleur ». Un réel espoir donc, mais à prendre avec des pincettes, puisque de telles allégations ont pu être infirmées par le passé, a souligné Andrew Moore. Si cette aptitude venait toutefois à être confirmée, elle constituerait un atout de taille face aux médicaments habituellement utilisés tels l'ibuprofène, qui peut avoir des effets secondaires graves en cas d'utilisation prolongée, ou les opioïdes, qui créent une forte dépendance.
Le secteur en pleine expansion de la production de cannabis affirme qu'une gamme de produits à base de marijuana ou de cannabidiol (CBD) peut aider à soulager la douleur mais, selon les chercheurs, il n'existait pas jusqu'ici d'études fiables soutenant cette efficacité. Cependant, puisque la variété utilisée dans l’étude est unique, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour évaluer si ces conclusions s’appliquent à d’autres variétés. Jan Vollert, chercheur spécialiste de la douleur à l'université d'Exeter et qui n'a pas participé à l'étude, a estimé que cette « substance très spécifique » n'était pas similaire à la marijuana ordinaire. La différence serait comparable à l’écart entre « des noisettes » et « du Nutella » : « ils ont peut-être une base similaire, mais ils ne sont simplement pas comparables ».
En France, l’expérimentation du cannabis thérapeutique a été prolongée jusqu’en mars 2026, le temps que la Haute Autorité de santé (HAS) rende son avis après une saisine de Yannick Neuder, le ministre de la Santé et de l’Accès au soin.
Recherche clinique
Le cannabis fait ses preuves dans le soulagement des lombalgies chroniques
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Publié le 01/10/2025
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Crédit photo : BURGER/PHANIE
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Source : lequotidiendupharmacien.fr