Somnambulisme et hérédité

Un gène à dormir debout

Par
Publié le 11/05/2015
Article réservé aux abonnés

BRAS tendus droits devant, tête dressée, d’un pas assuré le somnambule affronte, armé d’une confiance aveugle, la plus noire des nuits. L’image est un peu caricaturale, me direz-vous. Et à vrai dire, elle correspond assez peu à la réalité physiopathologique de cet incident nocturne qui peut, dans certains cas, se finir très très mal… Mais savez-vous que le somnambulisme, trouble connu pour être assez fréquent durant l’enfance (29,1 % des enfants âgés de 2,5 ans à 13 ans), disparaît généralement à l’adolescence, même s’il persiste chez certains adultes ? S’il n’y a rien de très nouveau sur les causes et mécanismes qui président à cette dérangeante manie, l’horizon s’éclaircit en revanche un peu du côté des prédispositions génétiques. Une étude publiée en 2011 dans « Neurology » avait déjà suggéré le rôle d’un chromosome défectueux (l’altération d’une région du chromosome 20) dans sa survenue. Cette fois-ci, poussant un peu plus loin l’investigation, des chercheurs canadiens (équipe du Dr Jacques Montplaisir de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal) ont tenté d’analyser les liens qui pouvaient exister entre l’histoire de somnanbulisme des parents et celle observée chez leurs enfants. Le résultat, objectivé par les caryotypes, est édifiant. Les enfants de père (ou de mère) somnambule ont un risque multiplié par 3 de marcher, eux aussi, dans le noir. Plus encore, ceux dont les deux parents avaient été somnambules voient ce risque multiplié par 7. Une conclusion qui m’autorise ce petit conseil : si vous êtes un jour (une nuit) invité dans une de ces « familles somnambules », réfléchissez à deux fois avant de tenter une sortie nocturne…

DIDIER DOUKHAN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3178