Quand contraception rime avec religion

Publié le 12/03/2009
Article réservé aux abonnés

On peut être professionnel de santé et aussi fervent pratiquant juif, chrétien ou musulman. Or toutes les religions ont condamné, à divers degrés, la contraception au nom du caractère sacré de la vie, souligne Isabelle Lévy, dans l'ouvrage de référence « La religion à l'hôpital » (Presses de la Renaissance). Chez les Juifs, la contraception est concédée à la femme si elle a déjà donné naissance à un garçon et à une fille. Dans ce cas, seules les méthodes naturelles sont requises. La contraception est autorisée par le Coran, dans le cadre du mariage, si la santé ou la situation économique du ménage l'exige. Le préservatif est autorisé à l'homme. Pour la femme, préférence doit être donnée aux méthodes naturelles. Quant à l'Eglise catholique, elle n'autorise pas la contraception par des moyens artificiels. En pratique, Jean-Philippe Delsart, président de l'Association française des pharmaciens catholiques (AFPC), estime que l'approche professionnelle doit primer. « Quel que soit le médicament, le rôle du pharmacien est de faire en sorte qu'il soit bien pris et bien toléré », rappelle t-il. Selon lui, tout doit être mis en œuvre pour que la femme n'ait pas recours à l'avortement. Y compris le dépannage. « Le pharmacien doit faire en sorte que la jeune femme s'astreigne à une prise régulière jusqu'au prochain rendez-vous avec son médecin », insiste Jean-Philippe Delsart. Même position sur la délivrance de la pilule du lendemain : « Opposer un refus risquerait de supprimer tout dialogue. Il faut être suffisamment libre dans sa parole » quand on aborde ces sujets, relève M. Delsart. Qui ne laisse pas totalement de côté ses aspirations. « Quand il y a des questions sous-jacentes, on peut dépasser notre rôle de professionnel en transmettant quelques-unes de nos convictions. Il s'agit moins de dire des choses toutes faites que d'interpeller la personne sur sa situation et ce qu'elle désire vivre, en respectant sa liberté. »


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2646