La coqueluche de l’adulte

Prévention et dépistage à l’officine

Publié le 14/12/2009
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L’incidence de la coqueluche a diminué chez l’enfant d’âge scolaire mais augmente actuellement chez l’adolescent et l’adulte. Comme cette infection reste, dans l’esprit de tous, une maladie essentiellement pédiatrique, son diagnostic est souvent méconnu chez le sujet adulte. Nicole Guiso, responsable du Centre National de Référence (CNR) de la coqueluche et autres bordetelloses à l’Institut Pasteur de Paris, souligne l’importance du rôle du pharmacien dans la prévention et le dépistage de cette maladie.

L’immunité contre la coqueluche ne persiste pas tout au long de la vie. Sa prévention passe par la primovaccination du nourrisson (2, 3 et 4 mois), les rappels à 16-18 mois et à 11-13 ans, généralement bien intégrés dans le suivi des enfants, mais aussi par les vaccinations de rappel des adultes. Or, la couverture vaccinale de ces derniers est actuellement insuffisante. En contractant la coqueluche, l’adulte est victime d’une maladie éprouvante. De plus, il devient la source principale de contamination du nourrisson, non ou incomplètement vacciné, chez qui la coqueluche peut avoir des conséquences dramatiques. C’est pourquoi, dans ses recommandations de 2008, le CTV/HCSP* préconise un rappel vaccinal coquelucheux chez tous les adultes non vaccinés contre la coqueluche au cours des 10 dernières années, notamment à l’occasion du rappel décennal diphtérie-tétanos-poliomyélite (dTP) de 26-28 ans avec le vaccin diphtérie-tétanos-poliomyélite + coqueluche (dTPca**). Ce rappel est particulièrement important pour l’entourage des personnes à risque (nourrissons de moins de 5 mois, femmes enceintes et personnes âgées).

Penser à la coqueluche

Un adulte qui tousse ne pense pas qu’il puisse s’agir de la coqueluche. Comment la reconnaître ? C’est une toux par quintes à prédominance nocturnes avec des accès violents et répétés. La respiration est difficile et peut s’accompagner d’une inspiration sonore en fin de quinte (« chant du coq »). C’est une toux émétisante avec un visage très rouge sans fièvre, ni diarrhée. La notion de contage est importante et il est nécessaire de demander si un contact avec « un tousseur » a eu lieu 2 ou 3 semaines avant. Des complications telles qu’incontinence nocturne, fracture de côte ou pneumonies peuvent survenir. Elles sont particulièrement dangereuses chez les personnes âgées et chez les sujets ayant une pathologie respiratoire.

Une évolution clinique caractéristique

La coqueluche évolue en 4 phases :

- l’incubation dure de 7 à 14 jours et est totalement silencieuse ;

- la phase catarrhale persiste pendant 1 à 2 semaines et se traduit par une toux peu importante avec une rhinorrhée, un larmoiement et éventuellement une conjonctivite. C’est une sorte de rhume qui ne conduit pas à consulter le médecin. « Or, c’est la période de la maladie la plus contagieuse » rappelle Nicole Guiso ;

- la phase de toux paroxystique dure pendant 1 à 6 semaines (maximum à 3 semaines) avec persistance de la contagiosité ;

- le patient entre ensuite en convalescence avec réduction progressive de la toux pendant 1 à 12 semaines.

Le diagnostic biologique

Le diagnostic biologique de coqueluche repose sur la culture bactérienne (identification de Bordetella pertussis ou parapertussis) ou sur la PCR (Polymerase chain reaction : détection de l’ADN bactérien) dans des prélèvements nasopharyngés. La culture doit être effectuée pendant les 2 premières semaines de toux. La PCR donne des résultats significatifs jusqu’à 3 semaines après le début de la toux. La sérologie (détection des anticorps sériques spécifiques contre la toxine pertussique) n’est interprétable que chez les sujets n’ayant pas reçu de vaccin coquelucheux depuis au moins 3 ans et doit être pratiquée au minimum 3 semaines après le début de la toux.

Le traitement antibiotique

Le traitement de la coqueluche est indiqué dans les 3 premières semaines d’évolution de la maladie. L’avis du HCSP du 5 septembre 2008 privilégie le traitement par azithromycine (3 jours) ou par clarithromycine (7 jours). Le patient doit être averti que l’antibiothérapie réduit la contagiosité et donc la transmission secondaire mais n’a pas d’influence sur l’évolution clinique de la maladie, ni sur la toux. Le meilleur moyen de protection contre la coqueluche est donc la prévention par la vaccination du nourrisson (vaccin DTPCa***) mais aussi par celle de l’adolescent et de l’adulte avec le vaccin dTPca**. La mise à jour du carnet de vaccination est une mesure essentielle de prévention.

Encadré

Le pharmacien d’officine, acteur de santé de proximité, a une mission importante de prévention et d’information. Devant un patient qui se présente à l’officine avec une toux prolongée sans cause apparente et dont la vaccination contre la coqueluche date de plus de 10 ans, il peut suggérer une consultation médicale. Il est aussi régulièrement sollicité sur les vaccinations et le conseil vaccinal fait partie intégrante de sa relation avec la clientèle. L’officine est un lieu privilégié d’informations sur la santé et diverses situations permettent au pharmacien de sensibiliser les adultes sur la nécessité de mettre à jour leur rappel coqueluche avec un vaccin dTPca** : départ en voyages, discussion sur la prévention du tétanos (jardinage, bricolage, annonce d’une naissance) impliquant la mise à jour dTPca de tout l’entourage du futur nourrisson : parents, grands-parents, nourrice, La couverture vaccinale des adultes contre la coqueluche est actuellement insuffisante et le pharmacien peut jouer un rôle important dans son amélioration.

*CTV/HCSP : Comité technique des vaccinations/Haut conseil de la santé publique

**dTPca : vaccin diphtérie-tétanos- poliomyélite-coqueluche à teneur réduite en antigènes diphtériques et coquelucheux

***DTPCa : vaccin diphtérie-tétanos- poliomyélite-coqueluche à teneur normale en antigènes diphtériques et coquelucheux

Rendez-vous du Quotidien du Pharmacien organisé à Paris avec le soutien institutionnel des laboratoires Sanofi-Pasteur-MSD et la participation de Nicole Guiso, Responsable de l’Unité de Prévention et Thérapie moléculaires des Maladies humaines et du Centre national de Référence de la coqueluche et autres Bordetelloses à l’Institut Pasteur.

› YVONNE EVRARD

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2711