Des simples nuisances...
Une hypersensibilité immédiate, provoquée par des antigènes présents dans la salive du moustique, est à l’origine de lésions à type d’urticaire aigue avec un prurit intense pouvant durer plusieurs heures. Des réactions d’hypersensibilité retardées peuvent également survenir dans un délai de 24h, chez les personnes déjà sensibilisées et après des piqûres répétées. La papule s’accompagne alors d’un oedème infl ammatoire, très prurigineux, avec parfois un aspect hémorragique, bulleux ou nécrotique. Les symptômes peuvent rester présents durant plusieurs jours, voire semaines.
Avec des complications fréquentes
Par les démangeaisons qu’elles entraînent, les piqûres se compliquent de lésions de grattage qui peuvent se surinfecter par des bactéries telles que les staphylocoques ou les streptocoques. Ces infections cutanées peuvent prendre des expressions cliniques variées, avec parfois présence de manifestations systémiques graves. Les infections bactériennes cutanées sont d’ailleurs les dermatoses les plus fréquemment observées au retour de voyage.
Des maladies vectorielles potentiellement sévères
Le paludisme est la première maladie vectorielle à laquelle on pense lorsque l’on évoque les risques liés aux piqûres de moustiques. La majorité des cas se concentrent en Afrique subsaharienne, mais d’autres régions du monde sont également affectées et des cas importés sont régulièrement signalés en France métropolitaine. Les arboviroses comme la dengue, le chikungunya ou le Zika sont d’autres maladies pouvant être transmises à l’homme par les piqûres de moustiques. Elles sont transmises par l’intermédiaire d’espèces de moustiques spécifi ques du genre Aedes qui en sont les vecteurs, à l’occasion d’un repas de sang. Même si dans de nombreux cas, ces infections restent asymptomatiques ou bénignes, des formes sévères et pouvant engager le pronostic vital peuvent se manifester.
Des cas autochtones détectés en Europe et en France
De nombreuses arboviroses sont pour l’heure cantonnées aux zones tropicales et concernent essentiellement les voyageurs (encéphalite japonaise, fi èvre jaune, etc.). Mais d’autres pourraient bien faire leur apparition en Europe et en France. C’est notamment le cas de la dengue, du chikungunya et du Zika dont on a beaucoup parlé ces derniers mois. Des cas importés (personnes revenant de zones d’endémie) et des cas autochtones (personnes piquées en France par un moustique local infecté à partir d’une personne virémique de retour d’une zone d’endémie) font régulièrement leur apparition sur nos territoires depuis quelques années. Ces infections surviennent par vague, souvent à la suite d’épidémies se développant dans les départements d’Outre-mer. Les fréquents échanges avec la métropole et la présence d’un vecteur compétent sur place (Aedes albopictus, le moustique tigre notamment) permettent la transmission du virus aux populations locales et laissent craindre l’émergence de véritables épidémies en métropole. À titre d’illustration, sur les 22,5 millions de passagers qui viennent en Europe chaque année, 185.000 sont virémiques pour le seul virus du chikungunya (1) ! La gravité potentielle de ces maladies et l’absence de vaccin ou de traitement spécifi que justifi ent donc la mise en place de mesures de protection contre les piqûres de moustiques dès l’apparition d’arboviroses en métropole ou lors de déplacement en zone d’endémie.
* Dr Gentiane Monsel, Dermato-vénérologue et Infectiologue, Praticien Hospitalier au sein du service des Maladies Infectieuses et Tropicales, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris.
(1) Tilston N, Skelly C, Weinstein P. Pan-European Chikungunya surveillance: designing risk stratified surveillance zones. Int J Health Geogr. 2009;8:61.
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