QUESTIONS SUR ORDONNANCE

Monsieur Kevin S., 38 ans, 1,76 m, 72 kg

Publié le 02/03/2015
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Ayant été usager d’héroïne pendant trois ans, M. S. bénéficie depuis un an d’une substitution par buprénorphine haut dosage (BHD) qui lui permet de mener une existence plus sereine - et d’avoir trouvé un emploi -. Tendant à consommer par contre de plus en plus d’alcool, une situation qui n’est pas rare dans ce contexte, ce patient sollicite une aide : il a vu à la télévision un nouveau médicament susceptible de limiter l’appétence pour l’alcool qu’il croit constituer un « substitut ». Un bilan ayant été fait, et sa consommation sur les deux dernières semaines ayant été évaluée, le médecin a accédé à sa demande tout en lui expliquant qu’il ne s’agit en rien d’un substitut à l’alcool…

Quels principes actifs ?

La BHD (Subutex et ses génériques) est un agoniste opiacé partiel, indiqué dans le traitement de substitution opiacé.

Le nalméfène (Selincro) est un modulateur du système opioïde avec un profil d’activité différent sur les récepteurs µ, delta et kappa. Il est indiqué pour réduire la consommation chez le patient ayant une dépendance à l’alcool avec une consommation à risque élevé, ne présentant pas de symptômes physiques de sevrage et ne nécessitant pas un sevrage immédiat.

Y a-t-il des insuffisances et des interactions ?

Oui : l’association de nalméfène avec un opioïde de substitution (BHD, méthadone) est contre-indiquée car elle risque d’induire un syndrome de sevrage. Le pharmacien contacte le médecin par téléphone : ce dernier n’avait pas compris la parenté pharmacologique entre les deux médicaments. Il supprime la prescription de nalméfène et reverra la situation avec le patient (il en irait de même avec la naltrexone = Révia et génériques).

Par ailleurs, sur la forme, l’ordonnance, réalisée sur formulaire sécurisé, est correcte (elle comporte le nom de la pharmacie qui dispense le traitement).

Et les posologies ?

Elles sont correctes.

Votre conseil

Le comprimé de BHD est maintenu sous la langue jusqu’à sa complète dissolution (soit quelque 10 minutes) ; il est préférable d’humecter la bouche au préalable avec de l’eau pour faciliter cette dissolution et la résorption du principe actif. L’effet intervient en 45 à 90 minutes.


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3158