Questions sur ordonnance

Mme T., 82 ans

Publié le 05/10/2015
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Dépressive depuis le décès de son mari, quatre mois auparavant, Madame T., triste et préoccupée, ne s’alimente guère, se néglige, et fait preuve parfois d’une activité désordonnée centrée sur des ruminations anxieuses face au devenir et à l’entretien de sa maison. Le médecin de famille, appelé par ses enfants, a prescrit un traitement psychoactif destiné à améliorer son humeur.

Quels principes actifs ?

La mirtazapine (Norset) est un antidépresseur, antagoniste alpha-2 présynaptique d’action centrale. Son activité sédative et anxiolytique est appréciée dans ce contexte, ainsi que son action anticholinergique limitée, la rendant particulièrement maniable chez le sujet âgé.

Madame T., suivie pour une hypertension modérée, est traitée par un antagoniste de l’angiotensine II, l’irbésartan (Aprovel).

Cette patiente a tendance à être constipée, d’où l’usage quasi chronique d’un laxatif osmotique, le macrogol (Movicol).

Y a-t-il des insuffisances et des interactions ?

La mirtazapine est compatible avec tous les autres médicaments ou presque (précautions avec les dépresseurs du système nerveux central) et son administration ne donne lieu qu’à peu d’interactions, d’où son intérêt chez le sujet âgé souvent polymédicamenté.

Et les posologies ?

Elles sont correctes : le médecin introduit le traitement antidépresseur avec précaution, à dose progressive.

Votre conseil

Le médecin a oublié de prévenir Madame T. comme ses proches des modalités de manipulation du flacon de Norset buvable. Il faut amorcer la pompe doseuse en l’actionnant trois fois vers le bas et en jetant la solution qui sort alors du bec verseur : ce n’est qu’ensuite que la dose délivrée sera correcte. Il est également prudent d’expliquer le système de verrouillage de la pompe : certains patients, âgés, confus, pensent que le dispositif ne fonctionne pas alors qu’ils ne l’ont pas déverrouillé.

Les effets anticholinergiques résiduels de la mirtazapine peuvent aggraver une constipation : il importe d’y sensibiliser Madame T. et de rappeler les conseils d’hygiène alimentaire (régime riche en fibres, fruits et légumes frais, hydratation suffisante), tout en suggérant qu’elle gagnerait à bénéficier d’un système de portage de repas.

La patiente ou ses proches doivent rester attentifs à l’apparition de symptômes susceptibles d’être associés à une agranulocytose (fièvre, maux de gorge, stomatite ou autres signes d’infection, etc.) et prévenir le médecin en cas de doute.


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3205