Éducation pour la santé

Médicaments et prévention : cinq idées reçues à combattre

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Publié le 12/12/2016
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En santé, certains préjugés ont la peau dure. Au comptoir, il vaut mieux leur tordre leur cou pour éviter des comportements inappropriés, ou des complications indésirables. Antibiotiques, ibuprofène, aspirine… Les grands classiques de l'hiver riment souvent avec rumeur…

1. Les antibiotiques, ça fatigue !

Non, c'est la maladie qui épuise l'organisme. Une fois les symptômes soulagés grâce au traitement mis en place (antibiotique, antalgique, antipyrétique), la personne se sent mieux mais fatiguée. En effet, les mécanismes de défenses déclenchés pour combattre les agents infectieux ainsi que la perte d'appétit souvent observée au cours d'une maladie ont affaibli l'organisme. En revanche, comme tous les médicaments, les antibiotiques présentent des effets secondaires. Les plus courants sont les effets gastro-intestinaux de type diarrhée, qui peuvent être compensés par des probiotiques. Des manifestations cutanées peuvent également être observées, ainsi que des infections liées au déséquilibre de la flore, comme les infections vaginales par exemple. Une autre idée reçue, qui tend néanmoins à évoluer grâce aux campagnes de santé publique, est que les antibiotiques soignent toutes les infections. C'est faux ; ces médicaments ne sont pas nécessaires en cas d'infection virale, de type grippe, gastro-entérite ou angine virale, sauf en cas de surinfection. En hiver, les antibiotiques sont utilisés pour soigner des sinusites, des angines bactériennes ou des bronchites… Selon les antibiotiques et la sévérité de l'infection, la durée de traitement varie de 3 jours (azithromycine) à plus d’une semaine (pristinamycine).

2. Du rhum pour soigner le rhume ?

Le fameux grog arrive en tête des remèdes de grand-mère et jouit d'une très bonne réputation en France. Mais attention, l'alcool, utilisé de cette façon, n'a pas les vertus qu'on lui prête. En outre, l'alcool et les médicaments font rarement bon ménage. C'est particulièrement vrai avec des antibiotiques comme l'association métronidazole/spiramycine, qui entraîne un risque d'effet antabuse. Avec des dérivés morphiniques tels que la codéine utilisés comme antitussifs ou les antihistaminiques, l'effet sédatif est accru. En revanche, s'il faut conserver quelques ingrédients du grog, il vaut mieux opter pour le miel et le citron. Le premier a des propriétés adoucissantes idéales pour les gorges irritées. L'huile essentielle du citron est un anti-infectieux reconnu, préconisé en prévention des maux de l'hiver.

3. L'aspirine, ça soigne tout

Un comprimé d'aspirine, et tout va mieux. Pour beaucoup, l'aspirine est encore considérée comme le médicament miracle. C'est vrai que l'aspirine a des propriétés antalgiques et antipyrétiques prouvées. Cependant, c'est un médicament qui doit être administré avec prudence et son utilisation mérite des conseils. L'aspirine est contre-indiquée chez la femme enceinte à partir du 6e mois (à 5 mois révolus). Les personnes ayant des antécédents d'ulcère gastro-intestinal, d'hémorragie, ou traitées par anticoagulants ou anti-inflammatoires ne doivent pas prendre d'aspirine. Enfin, l'utilisation de l'aspirine est à éviter en cas d'infection virale (varicelle) en raison du risque de syndrome de Reye. En cas de fièvre, le médicament de première intention est le paracétamol.

4. Faut-il du chaud ou du froid pour traiter les douleurs

Tout dépend de quelles douleurs il s'agit. Pour les douleurs aiguës, traumatiques et inflammatoires, le froid présente des propriétés décongestionnantes et antalgiques. Son application est recommandée en cas d'entorse ou de déchirure musculaire. L'hiver est plus propice aux courbatures survenant au cours des infections hivernales, ou au torticolis. Dans ce cas, il faut décontracter le muscle avec la chaleur, en utilisant des patchs chauffants ou une poche thermique chaud/froid.

5. L'ibuprofène est le meilleur médicament pour les infections ORL

Non. L'ibuprofène est un anti-inflammatoire non stéroïdien, excellent antalgique et antipyrétique ; mais dans les infections ORL, il ne dispose pas d'indications directes, si ce n'est pour traiter les symptômes tels que les maux de tête ou la fièvre. Sur la composante inflammatoire, l'efficacité de l'ibuprofène n'est pas prouvée au cours des sinusites et des angines. En outre, les AINS pourraient masquer les signes infectieux et accroître le risque de complications. Selon les recommandations, il n'y a donc pas lieu d'avoir recours aux AINS dans ces situations. Dans les otites, l'ibuprofène peut être proposé en seconde intention, après le paracétamol.

David Paitraud

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3311